Page:Jacquemont - Correspondance inédite de Victor Jacquemont avec sa famille et ses amis, tome 1.djvu/14

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expressions, et il réussissait sans peine à les intéresser et à gagner leur confiance. Les autres voyaient trop clairement qu’ils l’ennuyaient, et le prenaient en grippe.

Je vais vous donner un exemple de cette espèce de séduction qu’il exerçait, pour ainsi dire, à la première vue. Avant de partir pour l’Inde, il dut aller en Angleterre afin de s’y procurer des lettres de recommandation, sans lesquelles il lui eût été à peu près impossible de voyager dans les vastes domaines de l’honorable Compagnie. Il apportait à Londres des recommandations du ministre des affaires étrangères, des professeurs du Jardin-des-Plantes, des principaux membres de l’Académie des sciences. On lui donna sur-le-champ des passe-ports et des lettres pour les autorités, et quelques dîners en outre. Il était déjà reparti pour Paris, lorsqu’un des directeurs de la Compagnie alla trouver M. Sutton Sharpe, membre distingué du barreau anglais et fort ami deVictor Jacquemont. « Pourriez-vous , lui dit-il , me donner votre