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En approchant de l’antique retraite qui fut si chère au bienheureux Humbert et au Roi Charles-Félix, on est frappé de l’isolement du monastère resserré entre une nappe d’eau et le versant de la montagne. La pensée se reporte alors vers les austères cénobites, les évêques, les souverains pontifes et les saints qui habitèrent cet asile, vers les nombreux héros de la maison de Savoie qui prièrent dans cette église, où ils dorment maintenant sous la pierre des tombeaux ; et l’âme, pénétrée du néant des grandeurs de ce monde, s’ouvre à l’espérance d’une autre vie et aux consolantes doctrines de la foi.

Le monastère d’Hautecombe, fondé en 1125 par Amédée III de Savoie, appartenait à l’ordre de Cîteaux, de la règle de saint Bernard. Pendant plusieurs siècles, le cloître et l’église de l’abbaye furent le lieu de sépulture des princes de la maison de Savoie ; mais lors de la révolution de 1792, le couvent et les terres qui l’entourent furent vendus comme domaines nationaux, et cette antique demeure des souverains fut transformée en une fabrique de faïence. Le défaut d’entretien des bâtiments, et l’usage auquel on les destina, ne tardèrent pas à en amener la ruine. Une partie s’écroula et couvrit de ses décombres les tombes et les caveaux. Heureusement les dépouilles mortelles des princes ne furent pas dispersées.

En 1824, Charles-Félix, Roi de Sardaigne, fit pieusement recueillir les cendres profanées de ses glorieux ancêtres. Avec son patrimoine particulier, il racheta les anciens domaines du monastère, reconstruisit l’église et releva les mausolées. Enfin il rétablit en 1826 les moines de l’ordre de Cîteaux dans les bâtiments de l’abbaye.

Les bases de cette restauration furent tracées de la main du Roi ; il choisit lui-même un habile architecte (M. le