Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/105

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ce dernier, trois personnages sont « les hommes de la haute main » : un garçon de vingt-six ans, beau et vaniteux, orateur souvent éblouissant, Saint-Just, — un infirme qu’on traîne en petite voiture, cruel comme le fut Marat, et parfois aussi pénétrant que lui, Couthon, — et enfin Robespierre.

C’est à Robespierre qu’aboutit la Révolution, pendant quelques mois qui finissent par se compter en années. Les autres hommes, un Mirabeau, un Danton, n’ont fait que passer. Jamais ils n’ont eu entre les mains le pouvoir total. D’autre part, ils sont discrédités par leur vie privée, et surtout par leurs affaires d’argent que les contemporains ont parfaitement connues. Il est impossible, aujourd’hui, de croire à l’intégrité de Danton, et le scandale de la Compagnie des Indes, où sombrèrent ses hommes de paille et ses amis, est resté sur sa mémoire. Aucun scandale n’a jamais éclaboussé Robespierre. C’est pourquoi, les autres étant corrompus, on l’appelait l’Incorruptible.

Maximilien de Robespierre avait trente et un ans à la Révolution, étant né le 6 mai 1758 à Arras. Il y suivit les cours du collège, fut remarqué par l’évêque, termina ses études à Louis-le-Grand. En 1781, licencié, avocat, il revint à Arras, où il mena une existence rangée et pai-