Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/109

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d’Herbois et Billaud-Varennes, représentèrent bientôt les doctrines extrémistes. Banqueroute partielle, taxation des blés, loi sur l’accaparement, loi sur le maximum, levée en masse, réquisition des travailleurs, furent les principales mesures qui constituèrent l’essentiel de la Révolution sociale et économique.

Toutes ces mesures, promulguées sous l’inspiration des Enragés, Robespierre les accepta, les fit siennes, bien qu’il semble que ce ne fût parfois qu’à contre-cœur. S’il avait échappé à la chute, qu’eût-il fait ? C’est un des jeux de cette science d’hypothèses historiques qu’on a nommée l’uchronie. Il est permis de penser que, conservant l’essentiel d’Hébert et de Roux, Robespierre aurait sans doute admis des accommodements, une politique moins intransigeante, de même que Lénine, après la période de communisme intégral, instaura la N. E. P.

Il eut contre lui son incorruptibilité et sa maladresse et aussi la lassitude générale. Il semblait avoir à cœur de justifier les hyperboles de la propagande qui le représentaient comme un tigre altéré de sang. La grande Terreur, qui envoyait chaque jour à la guillotine des fournées d’innocents, soulevait de dégoût le peuple de Paris. Robespierre n’y comprenait rien, et, sincèrement, pensait qu’il arrêterait la Terreur