Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/118

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République, mais aussi bien de ses partisans. Sans doute, à transformer la Constitution, à chasser les députés, à faire appel à ce général qui revient d’Égypte et qui est l’ami de Barras, court-on le risque d’une dictature militaire. Mais il vaut mieux la dictature militaire que le retour des Bourbons — pour les régicides en particulier.

Le coup d’État fut préparé par Sieyès, et appuyé par tout le parti intellectuel. Cabanis était à côté de Bonaparte et, à la veille de Brumaire, le général victorieux allait à Auteuil rendre visite à Mme Helvétius, la veuve de l’illustre philosophe. Las de la République, mais non de la Révolution, Sieyès et ses amis revenaient à Voltaire, aux Encyclopédistes, et ne comptaient plus, pour faire obstacle à la restauration de la monarchie traditionnelle, que sur un nouveau despotisme éclairé.

Tout, néanmoins, faillit être perdu, par la faute de Bonaparte. Ici encore la philosophie de l’accident aurait beau jeu, et il est curieux de voir comment cet homme de génie n’a rien fait, n’a rien su faire, au jour décisif, et que la partie a été jouée par d’autres.

Le 18 Brumaire, — 9 novembre 1799 — on convoque, sous prétexte d’un complot imaginaire, le Conseil des Anciens, qui vote aussitôt le trans-