Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/126

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lution avait produit de plus caractéristique, et que, sauf à ménager l’ordre apparent, il en avait conservé les résultats les plus nets.

Il est une des images les plus parfaites de la dictature, parce que la dictature, presque toujours appuyée sur les revendications sociales, en conserve certains éléments, mais les inscrit dans une forme rigoureuse et sévère ; parce que la dictature, une fois les premiers moments passés, a presque toujours comme idée essentielle la « fusion » du passé et du présent, sous condition d’une soumission parfaite.

Enfin, il est l’image de la dictature, parce qu’il en a senti lui-même les limites. Il répétait constamment que sa dynastie n’était pas assez ancienne, et que, contre cela, il ne pouvait rien. La conspiration du général Malet lui avait appris, un peu tard, que son fils ne régnerait jamais. À toute force, il essayait d’affermir son pouvoir, de l’étendre dans la durée, au delà de la mort, — cette mort qui est le terme fatal des dictatures. Il faillit y arriver, par le moyen le plus original et le moins réductible en formules : celui de la poésie. Il s’empara de l’empire des âmes. C’était sa suprême carte, et, puisqu’en 1831 le Roi de Rome, duc de Reichstadt mourra obscurément en Autriche, cette carte sera ramassée par son neveu, le fils d’Hortense de