Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

En 1903, un congrès ouvert à Bruxelles puis transporté à Londres, constituait le « Parti social-démocrate ouvrier de Russie ». Sur cinquante-huit délégués, on ne comptait que quatre travailleurs manuels.

Dès leurs premières assemblées, ces intellectuels s’épuisèrent en controverses, en discussions sur lesquelles tranchaient brutalement les exigences et les calomnies froidement calculées du chef de ces débats, Lénine, déjà résolu à incarner le parti et à en écarter les irrésolus et les purs théoriciens.

Quelques mois plus tard, le parti se divisait définitivement en minoritaires ou menchéviks, et majoritaires ou bolcheviks, groupés autour de Lénine. Celui-ci n’avait encore que trente-trois ans.

La guerre russo-japonaise de 1904-1905 allait fournir aux révolutionnaires l’occasion de manifester leur force.

Le 22 janvier 1905, deux cent mille ouvriers, sous la conduite du moine Gapone, porteur d’une supplique, se rendent en cortège, sans armes, devant le Palais d’Hiver. Ils sont accueillis par une fusillade qui fait plusieurs centaines de morts.

Ce « dimanche rouge » alluma l’insurrection. Les désastres de Port-Arthur, de Moukden, de Tsoushima, les lourdes pertes en soldats, la