Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/199

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les journées de contre-révolution. Il soutient « l’inexorable nécessité de la dictature, pour briser les résistances de la bourgeoisie, frapper de terreur les réactionnaires, maintenir l’autorité du peuple armé ». Cette dictature sera « un pouvoir qui s’appuie directement sur la force ». Il n’hésite pas à dire que « le régime nouveau ne durera que grâce à la plus sanglante des tyrannies ». Tout cela au hasard de controverses qui semblent inintelligibles aux militants de la lointaine Russie, mais permettent à Lénine de recruter ses plus aveugles partisans, d’affermir sa doctrine, de préciser ses buts, d’aiguiser son inflexible volonté.

Le tocsin de 1914 étouffe le bruit des grèves qui avaient repris de plus belle. La mobilisation russe s’effectue dans l’ordre. Sous l’influence de Jules Guesde, les social-démocrates, menchevistes et socialistes révolutionnaires, se rallient presque unanimement à l’union sacrée, à la défense contre le militarisme allemand.

Lénine les raille brutalement : il ne veut voir dans la guerre « qu’une lutte entre négriers qui se disputent leur bétail », et il affirme que la seule solidarité réelle du prolétariat est dans l’hostilité à toute défense nationale, sans distinction de camp. Il est d’ailleurs convaincu que « cette guerre, c’est la Révolution ».