Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/202

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Lénine a reçu en Suisse les nouvelles de Saint-Pétersbourg. Comment va-t-il regagner la Russie ? Il étudie aussitôt plusieurs plans. L’État-Major allemand, qui a compris quel précieux auxiliaire il aura dans ce doctrinaire famélique, entouré d’une trentaine de disciples intransigeants, lui accorde le passage à travers le territoire germanique — mais dans un wagon plombé ! La bande arrive à Saint-Pétersbourg le 3 avril, accueillie avec enthousiasme par la fraction bolchevik.

Dans son premier discours, Lénine réclame tout le pouvoir pour les soviets d’ouvriers au lieu d’une république parlementaire ; la suppression de la police et de l’administration ; la déchéance du gouvernement provisoire qu’il tient pour oligarchique ; la fraternisation avec les Allemands sur le front. Ces projets consternent les bolcheviks et excitent l’ironie des social-démocrates, dont les journaux affirment que Lénine débite trop de niaiseries pour être dangereux.

Au milieu de juillet, des émeutes d’ouvriers, de soldats et de marins se rallument à Saint-Pétersbourg, à Cronstadt, ayant pour mot d’ordre la formule léniniste : « Tout le pouvoir aux Soviets. » Kerensky, effrayé, appelle des généraux du front avec soixante mille hommes pour