Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/207

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front auraient sur tous les belligérants une influence décisive, qu’à leur exemple on se déciderait partout à une paix sans vainqueurs ni vaincus, tandis que le prolétariat mondial se dresserait pour la lutte de classes.

Les terribles exigences des Allemands leur apportèrent une de leurs premières déceptions. On fait traîner les pourparlers. Beaucoup, comme Trotzky, se déclarent partisans d’une guerre révolutionnaire plutôt que d’une paix honteuse avec les féodaux prussiens. Mais un ultimatum de Berlin les oblige à se rendre à l’évidence : on ne peut combattre avec une armée que l’on a déjà pris le soin de désagréger par la propagande marxiste. Si on ne cède pas aux Allemands, ils vont menacer dangereusement la révolution en envahissant tout le pays. Étouffant les murmures de la plupart de ses collaborateurs, Lénine leur fait comprendre qu’il n’y a plus à choisir, que l’on ne peut pas obtenir une paix meilleure, et qu’il est prêt, lui, à signer des conditions cent fois plus avilissantes, parce que c’est la seule manière de sauver la révolution.

C’est le traité de Brest-Litovsk.

La réunion de l’Assemblée constituante « représentant les classes laborieuses exploitées » est sur le terrain de la théorie un second