Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/211

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décorations qui avaient été elles aussi abolies). La commission extraordinaire, ou Tchéka, qui fait exécuter la loi martiale, est cent fois plus rigoureuse et sanglante que les organismes tzaristes équivalents.

Quant au principe des nationalités, il reçoit le plus flagrant des démentis en Géorgie, où une tentative d’indépendance et de république fédérative est brisée par les soldats rouges. Trotzky balaye le fameux principe par une simple question posée aux menchéviks géorgiens : « Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes équivaut-il au droit de porter impunément préjudice à ses voisins ? »

Grâce à cette tyrannie de toutes les minutes, la plus sanglante qu’aucun peuple ait jamais subie, la dictature de Lénine s’affermit. Les Soviets ne comptent plus que des fonctionnaires stylés votant au commandement les décrets jugés nécessaires. La Tchéka continue à fonctionner et étend son réseau sur tout le pays. Les syndicats sont tenus en laisse, comme les soviets. Tous les organismes de l’État, accaparés par les bolcheviks, sont étroitement tributaires des deux organismes suprêmes : le Politbureau (bureau politique) et l’Orgbureau (bureau d’organisation), composés seulement de cinq membres, et de qui dépendent toutes les décisions. « Une