Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/23

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voyait dans la monarchie un premier protecteur contre la suprématie des patriciens.

C’est vers le VIIIe siècle avant notre ère que la société grecque cessa d’être exclusivement agricole et qu’à la suite des expéditions entreprises sur toutes les côtes de la Méditerranée, le commerce et l’industrie se développèrent suffisamment pour influer sur les mœurs. Le règne de la monnaie commença, apportant, avec le goût de la spéculation, des possibilités d’émancipation à la partie la plus aventureuse et la plus intelligente de la plèbe qui allait constituer, en acquérant peu à peu les biens de la fortune, cette classe intermédiaire qu’on appelle la bourgeoisie.

Cette première forme du progrès matériel n’engendra pas la concorde universelle. Au contraire. L’aristocratie en profita naturellement dans la mesure même où sa puissance lui avait permis d’accaparer dès l’abord une grande part des sources de revenus, mines, exploitations de forêts, constructions maritimes, exportations de céréales et de bétail. Il se formait aussi une bourgeoisie industrieuse et habile, qui retirait des bénéfices du nouvel état de choses et qui souffrait d’être éloignée du pouvoir. Enfin la plèbe, quoique profitant sans s’en douter du capitalisme naissant, se mit à haïr les riches