Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/255

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ajoute qu’il est assez fort pour les prendre. Et c’est vrai.

À Naples défile sous ses yeux une armée véritable, furieuse d’enthousiasme. « À Rome ! À Rome ! » crient les légions en tendant le poing. L’heure sonne, celle que le Duce (titre que ses troupes lui ont donné) attend depuis vingt ans. Rentré à Milan, il adresse à Facta, qui achève de se perdre dans le marécage parlementaire, un ultimatum qui lui laisse quarante-huit heures pour se démettre. Facta esquisse une vague résistance. À Rome, le Mont Mario reçoit quelques canons et les ponts du Tibre sont barrés de chevaux de frise. Le roi rentre rapidement de San Rossoro. De tous les points du territoire arrive la nouvelle que des colonnes fascistes marchent sur la capitale. Facta demande au souverain de signer le décret proclamant l’état de siège. Victor-Emmanuel refuse. Il sait ce que représente le fascisme et que l’avenir de l’Italie est là. Deux jours après, le 29 octobre 1922, mandé au Quirinal, Benito Mussolini accourait de Milan et recevait du roi la mission de former le ministère. Le fascisme triomphait.