Page:Jacques Bainville - Les Dictateurs.djvu/35

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vieilles croyances religieuses et, argument bien propre à émouvoir la multitude, on l’accusa d’avoir consacré au service de l’État des sommes qui eussent pu améliorer la condition du peuple.

Mais sa position était si forte, les services qu’il avait rendus si éclatants, que ses ennemis n’osèrent pas l’attaquer personnellement dès l’abord et préférèrent l’atteindre à travers les siens.

Aspasie sa maîtresse, Phidias son ami et le philosophe Anaxagore, son inspirateur de toujours, furent injuriés, poursuivis et traduits en justice. Phidias mourut en prison et Anaxagore dut s’enfuir.

Périclès allait succomber à son tour quand une menace extérieure survint à point pour le sauver. Non seulement il ne fit rien pour éviter la guerre avec Sparte, mais il la précipita comme le plus sûr moyen de reconquérir toute son autorité.

Ainsi, ce sage en était réduit à rechercher la plus dangereuse des diversions pour conserver le pouvoir, autant sans doute pour sa satisfaction personnelle que pour épargner à sa patrie les déchirements qu’il prévoyait.

Aussitôt la guerre déclarée, il agit en véritable dictateur, en maître absolu, suspendant toutes les garanties constitutionnelles, imposant