femme, l’impératrice Elisabeth d’Autriche, qu’alla sa dernière amitié. Et si les contes bleus qu’on fait encore en Bavière sont sujets à caution, Louis II n’en a pas moins, peut-être, emporté le secret d’une liaison plus spirituelle que sentimentale dont quelques fragments de correspondance donnent une plus juste idée que tous les mauvais romans qu’on a pu construire sur de faibles indices. Mais il faut respecter ce qui a voulu le mystère. Est-il même tellement certain que Louis II ait été un ennemi des femmes, qu’il n’ait pas, jusqu’au dernier jour, espéré qu’il rencontrerait une épouse d’élection ? Paysannes ou grandes dames, les Bavaroises n’avaient peut-être pas tort de le regarder comme un perpétuel Prince Charmant et comme un cœur à conquérir. Au château de Neuschwanstein, une de ses plus importantes imaginations d’architecture, et qui occupa tout son règne, un étage entier est resté vide et nu. Et les guides disent que ces appartements étaient destinés à « la reine ». Cette reine, qui n’est jamais venue, qui ne fut ni la princesse russe de Kissingen, ni la cousine de Bavière, Louis II l’a peut-être désirée, attendue jusqu’à son dernier jour…
Ce furent vingt ans de solitude soigneusement entretenue pendant lesquels ce prince spirituel, pénétrant, fait pour briller dans la société des rois, organisa à son usage une extraordinaire existence d’ermite couronné. Richard Wagner, le « vieux magicien », lui avait laissé, comme un poison, la manie de théâtre dont parle Nietzsche. La vie de Louis ne fut plus qu’une longue représentation, une féerie machinée, une suite de drames montés et joués pour lui-même et dont l’unique spectateur devint le figurant et même, à la fin,