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Bernardi (Pierre), d’Aréia, en Toscane, mordait le nez et les oreilles de ceux qui l’approchaient, hurlait sans cesse comme une bête féroce et faisait la terreur de la contrée. On l’exorcisa ; il déclara qu’il était possédé, et qu’on ne le délivrerait qu’en ôtant un maléfice caché sous sa porte. On ne voulut pas le faire, parce qu’on croyait que ces paroles étaient un mensonge du démon. Le savant Raggiolo, qui s’occupait de lui, parvint à contraindre le démon, qui fit en sortant des cris si effroyables que l’église en fut ébranlée. Alors les parents de Bernardi fouillèrent sous le seuil de sa porte ; ils y trouvèrent, dans un linge, un morceau de peau d’âne chargé de caractères mystérieux, avec un os d’enfant et des cheveux de femme.Ils brûlèrent le tout, et la possession ne reparut pas.

Berne (les moines de). Voy. Jetzer.

Bernold. Voy. Berthold.

Berquin (Louis), gentilhomme artésien, conseiller de François I er ; entraîné par de mauvaises mœurs, il se mit à déclamer contre les moines et à donner dans le luthéranisme. Ses livres furent brûlés, et la protection du roi le sauva seule d’une abjuration publique ; mais on le reprit bientôt. Il se mêlait aux orgies des sorciers, plus fréquents que jamais depuis les excès de la réforme ; on le convainquit d’avoir adoré le diable et commis des actes abominables ; on produisit contre lui de si tristes griefs, que le roi n’osa plus le défendre, et il fut brûlé en place de Grève le 17 avril 1529.

Berrid. Voy. Purgatoire.

Berson, docteur en théologie et prédicateur visionnaire de la cour, sous Henri III. Il s’imaginait être Enoch, et il voulait aller porter l’Évangile dans le Levant, avec un prêtre flamand qui ^e vantait d’être Élie. Taillepied dit avoir entendu Berson prêcher cette bizarrerie devant le frère du roi, à Château-Thierry[1].

Berthe. Voy. Robert, roi.

Berthereau (Martine). Voy. Beausoleil.

Berthier (Guillaume-François), célèbre jésuite, mort en 1782. Voltaire a publié la relation de la maladie, de la mort et de l’apparition du jésuite Berthier ; mais ce n’est qu’une assez mauvaise plaisanterie. Le père Berthier vivait encore.

Berthold. Après la mort de Charles le Chauve, un bourgeois de Reims, nommé Berthold ou Bernold, gravement malade, ayant reçu les sacrements, fut quatre jours sans prendre aucune nourriture et se sentit alors si faible, qu’à peine lui trouvait-on un peu de palpitation et de respiration. Vers minuit il appela sa femme et lui dit de faire promptement venir son confesseur. Le prêtre était à peine dans la cour, que Berthold dit:— Mettez ici un siège, car le prêtre vient. — Le confesseur, étant entré, récita quelques prières, auxquelles Berthold répondit ; puis il tomba dans une longue extase, et, quand il en sortit, il raconta un voyage que son âme venait de faire en purgatoire, où il avait vu le roi défunt et d’autres personnages. Après son récit, il se remit à dormir et vécut encore quatorze ans[2].

Berthomé du Lignon, dit Champagnat, sorcier jugé à Montmorillon, en Poitou, dans l’année 1599. Il avoua que son père l’avait mené au sabbat dès sa jeunesse ; qu’il avait promis au diable son âme et son corps ; qu’à la Saint-Jean dernière, il avait vu un grand sabbat où le diable faisait danser les gens en rond ; qu’il se mettait au milieu de la danse en forme de bouc noir, donnant à chacun une chandelle allumée, avec laquelle ils allaient lui baiser le derrière ; que le diable lui octroyait à chaque sabbat quarante sous en monnaie, et des poudres pour faire des maléfices ; que, quand il le voulait, il appelait le diable, qui venait à lui comme un tourbillon ; que la nuit dernière il était venu le visiter en sa prison et lui avait dit qu’il n’avait pas moyen de le tirer d’où il était. Il dit encore que le diable défendait à tous les siens de prier Dieu, d’aller à la messe, de faire leurs Pâques, et que, pour lui, il avait fait mourir plusieurs personnes et plusieurs bêtes au moyen des poudres qu’on lui donnait au sabbat[3].

Berthomée de la Bedouche. Voy. Bonnevault (Mathurin) .

Béruth. Voy. Bérith.

Bête-bigourne. Voy. Lycanthropie.

Bêtes. Il y a dans les choses prodigieuses de ce monde beaucoup de bêtes qui figurent avec distinction. Les bêtes ont été longtemps des instruments à présages : les sorciers et les démons ont emprunté leurs formes, et souvent on a brûlé des chats et des chiens dans lesquels on croyait reconnaître un démon caché ou une sorcière.

Dans les campagnes, on effraye encore les enfants avec la menace de la Bête à sept têtes, dont l’imagination varie en tous lieux la laideur. L’opinion de cette bête monstrueuse remonte à la Bête de l’Apocalypse. Selon quelques-uns, les sept têtes sont les sept péchés capitaux.

    vers, 1567. — Bernardus redivivus, vel opus de chimia, historico-dogmaticum, e gallico in latinum versum. Francfort, 1625.

  1. Psychologie ou Traité de l’apparition des esprits, ch. m.
  2. Voyez ce récit dans les Légendes de l’autre monde ; il a été conservé par Hincmar, archevêque de Reims, et reproduit par Leloyer, Disc, et hist. des spectres, liv. VI, ch. xm ; par dom Calmet, Traité sur les apparitions, ch. lxvi; enfin par M. Garinet, Histoire de la magie en France, p. 56.
  3. Discours sommaire des sortilèges et vénéfices, tiré des procès criminels jugés au siège royal de Mont-morillon, en Poitou, en l’année 1599, p. 29.