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BRU
BUC
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accompagné de Brunon, évêque de Wurtzbonrg, et de quelques autres seigneurs. Comme il passait près du château de Grein, il se trouva en péril imminent de se noyer, lui et les siens, dans un lieu dangereux ; cependant il se tira heureusement de ce péril. Mais incontinent on aperçut au haut d’un rocher un homme noir qui appela Brunon, lui disant : — Évêque, sache que je suis un diable, et qu’en quelque lieu que tu sois, tu es à moi. Je ne puis aujourd’hui te mal faire ; mais tu verras avant peu. » Brunon, qui était homme de bien, fit le signe de la croix, et après qu’il eut conjuré le diable, on ne sut ce qu’il devint. Mais bientôt, comme l’empereur dînait à Ebersberg avec sa compagnie, les poutres et le plafond d’une chambre basse où ils étaient s’écroulèrent ; l’empereur tomba dans une cuve où il ne se fit point de mal, et Brunon eut en sa chute tout le corps tellement brisé qu’il en mourut. — De ce Brunon ou Bruno nous avons quelques commentaires sur les Psaumes[1]. » — Il n’y a qu’un petit malheur dans ce conte rapporté par le Leloyer, c’est que tout en est faux.


Brunehaut.


Brur, nom donné dans le Dauphiné à certaines femmes qui sont, en quelque sorte, possédées. Voy. Kurgon.

Brutus. Plutarque rapporte que, peu de temps avant la bataille de Philippes, Brutus, étant seul et rêveur dans sa tente, aperçut un fantôme d’une taille démesurée, qui se présenta devant lui en silence, mais avec un regard menaçant. Brutus lui demanda s’il était dieu ou homme, et ce qu’il voulait. Le spectre lui répondit:— Je suis ton mauvais génie, et je t’attends aux champs de Philippes. « Eh bien ! nous nous y verrons ! » répliqua Brutus. Le fantôme disparut ; mais on dit qu’il se montra derechef au meurtrier de César, la nuit qui précéda la bataille de Philippes, où Brutus se tua de sa main.

Bucaille (Marie), jeune Normande de Valognes, qui, au dernier siècle, voulut se faire passer pour béate. Mais bientôt ses visions et ses extases devinrent suspectes ; elle s’était dite quelquefois assiégée par les démons ; elle se faisait accompagner d’un prétendu moine, qui disparut dès qu’on voulut examiner les faits; elle se proclama possédée. Pour s’assurer de la vé-

  1. Leloyer, Discours et histoire des spectres, liv. III, ch. xvi.