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avec les anges, et il faisait entendre en rase campagne (par ventriloquie) des voix venant du ciel. Il institua une espèce de cabale égyptienne. De jeunes garçons et de jeunes filles, qu’il appelait ses pupilles ou colombes, se plaçaient dans l’état d’innocence devant une boule de cristal, et là, abrités d’un paravent, ils obtenaient, par l’imposition des mains du grand cophte (c’était lui qui était le grand cophte), la faculté de communiquer avec les esprits. Ils voyaient dans cette boule tout ce qu’ils voulaient voir. — Les travaux de ces pupilles ou colombes ne se bornaient pas à cette cérémonie ; Cagliostro leur enseignait à découvrir les choses occultes, les événements à venir et les matières curieuses. On ajoute qu’il a fait paraître aux grands seigneurs de Paris et de Versailles, dans des glaces, sous des cloches de verre et dans des bocaux, des spectres animés et mouvants, ainsi que des personnes mortes qu’on lui demandait à voir. — Un soir qu’il se trouvait à Versailles avec plusieurs des seigneurs de la cour, ceux-ci témoignèrent l’envie de connaître ce que faisait en ce moment une dame de leur société, qui était restée à Saint-Germain. Aussitôt il forma sur le parquet un carré, passa la main dessus, et l’on vit se tracer la figure de la dame jouant aux tressettes avec trois de ses amies, toutes assises sur un tapis. On envoya au logis de cette dame, qu’on trouva effectivement dans la même attitude, la même occupation, et avec les mêmes personnes.

On rapporte aussi que, dans des soupers qui ont fait grand bruit à Paris, il invoquait les morts illustres, tels que Socrate, Platon, Corneille, d’Alembert, Voltaire, etc. Dans sa lettre au peuple français, datée de Londres, le 20 juin 1786, il prédit que la Bastille serait détruite. Mais depuis longtemps on en avait le projet.

Cagliostro était très-lié avec un joueur de gobelets qui se disait assisté d’un esprit, lequel esprit, à ce que l’on prétend, était l’âme d’un juif cabaliste qui avait tué son père par art magique avant la venue de Notre-Seigneur. Il disait effrontément que les prodiges qu’il opérait étaient l’effet d’une protection spéciale de Dieu sur lui… ; que l’Être suprême, pour l’encourager, avait daigné lui accorder la vision béatifique, etc. ; qu’il venait convertir les incrédules. Il se vantait d’avoir assisté aux noces de Cana… ; il était par conséquent contemporain de Notre-Seigneur.

Il est dit ailleurs que Cagliostro était né avant le déluge[1]. — Il fut arrêté à Rome en 1789, et condamné comme pratiquant, à l’ombre de la franc-maçonnerie, de criminels mystères. Il s’étrangla dans sa prison en 1795.

Il a écrit, dit-on, la relation de quelques opérations prétendues magiques, ainsi que d’une transmutation de métaux vils en or, faites à Varsovie en 1780. — On met sur son compte une plate brochure qui apprenait aux vieilles femmes à trouver les numéros de la loterie dans leurs rêves. On vendait tous les ans à Paris un grand nombre d’exemplaires de ce fatras dont voici le titre : Le Vrai Cagliostro, ou le Régulateur des actionnaires de la loterie, augmenté de nouvelles cabales faites par Cagliostro, etc., in-8o, avec le portrait de l’auteur, au bas duquel on a mis ces treize syllabes : Pour savoir ce qu’il est, il faudrait être lui-même.

Cagots, individus des Pyrénées qui y sont des sortes de parias. Les autres habitants les évitent comme gens maudits. Ce sont, dit-on, des restes de la race des Goths, appelés Ca-Goths, en en abréviation de canes Gothi, chiens de Goths.

Caïn. Les musulmans et les rabbins disent qu’Ève, ayant deux fils, Caïn et Abel, et deux filles, Aclima et Lébuda, voulut unir Caïn avec Lébuda, et Aclima avec Abel. Or, Caïn était épris d’Aclima. Adam, pour mettre ses fils d’accord, leur proposa un sacrifice ; et, comme on le sait, l’offrande de Caïn fut rejetée. Il ne voulut pourtant pas céder Aclima ; il résolut, pour l’avoir plus sûrement, de tuer son frère Abel ; mais il ne savait comment s’y prendre. Le diable, qui l’épiait, se chargea de lui donner une leçon. Il prit un oiseau, qu’il posa sur une pierre, et, avec une autre pierre, il lui écrasa la tête. Caïn, bien instruit alors, épia le moment où Abel dormait, et lui laissa tomber une grosse pierre sur le front[2].

Caïnan. On attribue à Caïnan, fils d’Arphaxad, la conservation d’un traité d’Astronomie qu’il trouva gravé sur deux colonnes par les enfants de Seth, ouvrage antédiluvien qu’il transcrivit. On prétend aussi que Caïnan découvrit encore d’autres ouvrages écrits par les géants, lesquels ouvrages ne sont pas venus jusqu’à nous[3].

Caïnites. Il y a eu, dans le deuxième siècle, une secte d’hommes effroyables qui glorifiaient le crime et qu’on a appelés caïnites. Ces misérables avaient une grande vénération pour Caïn, pour les horribles habitants de Sodome, pour Judas et pour d’autres scélérats. Ils avaient un évangile de Judas, et mettaient la perfection à commettre sans honte les actions les plus infâmes.

Caiumarath ou Kaid-Mords. Le premier homme selon les Persans. Voy. Boundschesch.

Cala (Charles), Calabrais qui écrivait au dix-septième siècle. On recherche son Mémoire sur

  1. Charlatans célèbres, t. Ier, p. 245. Voyez la légende de Cagliostro dans les Légendes des sociétés secrètes.
  2. Voyez la légende de Caïn et d’Àbel dans les Légendes de l’Ancien Testament.
  3. Syncelli chronographiœ, p. 80.