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montraient pas ; cependant on leur servait à dîner dans une chambre isolée pendant les couches.

On donnait aussi, chez les Romains, le nom de carmentes ou {charmeuses) aux devineresses célèbres ; et l’une des plus fameuses prophétesses de l’Arcadie s’est nommée Garmentia. On l’a mise dans le ci-devant Olympe.

Carnaval. Voy. Mascarades.

Carniveau, démon invoqué dans les litanies du sabbat.

Carnoet. Voy. Trou du château.

Carnus, devin d’Acarnanie, qui, ayant prédit de grands malheurs sous le règne de Codrus, fut tué à coups de flèches comme magicien. Apollon envoya la peste pour venger sa mort.

Caron. La fable du batelier des enfers vint, dit-on, de Memphis, en Grèce. Fils de l’Erèbe et de la Nuit, il traversait le Cocyte et l’Achéron dans une barque étroite. Vieux et avare, il n’y recevait que les ombres de ceux qui avaient reçu la sépulture et qui lui payaient le passage. Nul mortel pendant sa vie ne pouvait y entrer, à moins qu’un rameau d’or consacré à Proserpine ne lui servît de sauf-conduit ; et le pieux Énée eut besoin que la sibylle lui fît présent de cette passe lorsqu’il voulut pénétrer dans le royaume de Pluton. Longtemps avant le passage de ce prince, le nocher infernal avait été exilé pendant un-an dans un lieu obscur du Tartare, pour avoir reçu dans son bateau Hercule, qui ne s’était pas muni du rameau.

Mahomet, dans le Koran, chap. 28, a confondu Caron avec Coré, que la terre engloutit lorsqu’il outrageait Moïse. L’Arabe Mutardi, dans son ouvrage sur l’Égypte, fait de Caron un oncle du législateur des Hébreux, et comme il soutint toujours son neveu avec zèle, ce dernier lui apprit l’alchimie et le secret du grand œuvre, au moyen duquel il amassa des sommes immenses. Rien ici n’est conforme aux saintes Écritures.

Selon Hérodote, Caron, d’abord simple prêtre de Vulcain, usurpa le souverain pouvoir en Égypte. Devenu roi, il imposa sur les inhumations un gros tribut ; et de l’or qu’il en tira il fit bâtir le célèbre labyrinthe d’Égypte.

Carpentier (Richard), bénédictin anglais du dix-septième siècle. On recherche de lui : 1° la Ruine de l’Antéchrist, in-8o, 1648 ; 2° Preuves que l’astrologie est innocente, utile et précise, in-4o, Londres, 1653. Il a publié une autre singularité intitulée « la Loi parfaite de Dieu, sermon qui n’est pas sermon, qui a été prêché et n’a pas été prêché, 1652 ».

Carpocratiens, hérésiarques du deuxième siècle qui reconnaissaient pour chef Carpocrate, professeur de magie, selon l’expression de saint Irénée. Ils contaient que les anges venaient de Dieu par une suite de générations infinies, que lesdits anges s’étaient avisés un jour de créer le monde et les âmes, lesquelles n’étaient unies à des corps que parce qu’elles avaient oublié Dieu. Carpocrate prétendait que tout ce que nous apprenons n’est que réminiscence. Il regardait les anges comme nous les démons ; il les disait ennemis de l’homme, et croyait leur plaire en se livrant à toutes ses passions et aux plaisirs les plus honteux. Ses disciples cultivaient la magie, faisaient des enchantements et avaient des secrets merveilleux. Ils marquaient leurs sectateurs à l’oreille et commettaient beaucoup d’abominations. Cette secte ne subsista pas longtemps.

Carra (Jean-Louis), aventurier du dernier siècle, qui se fit girondin, et fut guillotiné en 1793. Il a laissé entre autres ouvrages un Examen physique du magnétisme animal, in-8o, 1785.

Carreau, démon invoqué comme prince des puissances dans les litanies du sabbat.

Carrefours, lieux où quatre chemins aboutissent. C’est aux carrefours que les sorciers se réunissent ordinairement pour faire le sabbat. On montre encore, dans plusieurs provinces, quelques-uns de ces carrefours redoutés, au milieu desquels étaient placés des poteaux que les sorciers ou les démons entouraient de lanternes pendant la fête nocturne. On fait remarquer aussi sur le sol un large rond où les démons dansaient ; et l’on prétend que l’herbe ne peut y croître. C’est aussi dans un carrefour que l’on tue la poule noire pour évoquer le diable.

Cartagra, région du purgatoire. Voy. Gamygyn.

Cartes. Voy. Cartomancie. Mais, outre l’art de tirer les cartes, qui est exposé plus bas, on pratique avec ce jeu d’autres divinations. Les journaux de janvier 1862 contenaient à ce sujet une anecdote que nous croyons devoir reproduire :

« Le 6 janvier, jour des Rois, trois jeunes gens, deux frères et un de leurs amis, jouaient, le soir, aux cartes au coin du feu, dans la maison de l’un d’eux, à Pignicourt (Aisne). Après quelques parties, il vint à un des joueurs la bizarre fantaisie d’interroger le sort par la voie des cartes, et de jouer à l’écarté et au dernier restant quel serait celui des trois qui mourrait le premier. Le plus jeune s’opposait vivement à ce que l’on tentât ainsi le hasard ; mais, malgré lui, les deux autres s’attablèrent et commencèrent leur jeu de mort. La première partie fut perdue par le plus âgé, qui est mort le 16 février. Le plus jeune, celui qui avait d’abord refusé de jouer, perdit la seconde et mourut dix jours après son frère, c’est-à-dire le 26 février. Le dernier restant à l’écarté, celui qui aurait du, ce semble, survivre, frappé peut-être plus vivement que les autres de la fatale prédiction, est mort le premier de tous, le 26 janvier. Ils étaient âgés de vingt, vingt-huit et trente-trois ans. (Journal de l’Aisne). »

Carticeya, divinité indienne qui commande les armées des génies et des anges ; elle a six faces, une multitude d’yeux et un grand nombre de