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trompera. Le valet est un jeune homme qui vous causera des désagréments ; s’il est renversé, présage de trahison. L’as, grande tristesse ; le dix, emprisonnement ; le neuf, retard dans les affaires ; le huit, mauvaise nouvelle ; s’il est suivi du sept de carreau, pleurs et discordes. Le sept, querelles et tourments, à moins qu’il ne soit accompagné de cœurs.

Les huit trèfles. — Le roi est un homme juste, qui vous rendra service ; s’il est renversé, ses intentions honnêtes éprouveront du retard. La dame est une femme qui vous aime ; une femme jalouse, si elle est renversée. Le valet promet un mariage, qui ne se fera pas sans embarras préliminaires, s’il est renversé. L’as, gain, profit, argent à recevoir ; le dix, succès ; s’il est suivi du neuf de carreau, retard d’argent ; perte s’il se trouve à côté du neuf de pique. Le neuf, réussite ; le huit, espérances fondées : le sept, faiblesse, et s’il est suivi d’un neuf, héritage.

Quatre rois de suite, honneurs ; trois de suite, succès dans le commerce ; deux rois de suite, bons conseils. Quatre dames de suite, grands caquets ; trois dames de suite, tromperies ; deux dames de suite, amitié. Quatre valets de suite, maladie contagieuse ; trois valets de suite, paresse ; deux valets de suite, dispute. Quatre as de suite, une mort ; trois as de suite, libertinage ; deux as de suite, inimitié. Quatre dix de suite, événements désagréables ; trois dix de suite, changement d’état ; deux dix de suite, perte. Quatre neuf de suite, bonnes actions ; trois neuf de suite, imprudence ; deux neuf de suite, argent. Quatre huit de suite, revers ; trois huit de suite, mariage ; deux huit de suite, désagréments. Quatre sept de suite, intrigues ; trois sept de suite, divertissements ; deux sept de suite, petites nouvelles.

Il y a plusieurs manières de tirer les cartes. La plus sûre méthode est de les tirer par sept, comme il suit : Après avoir mêlé le jeu, on le fait couper de la main fauche par la personne pour qui on opère ; on compte les cartes de sept en sept, mettant de côté la septième de chaque paquet. On répète l’opération jusqu’à ce qu’on ait produit douze cartes. Vous étendez ces douze cartes sur la table les unes à côté des autres, selon l’ordre dans lequel elles sont venues ; ensuite vous cherchez ce qu’elles signifient, d’après la valeur et la position de chaque carte, ainsi qu’on l’a expliqué. Mais avant de tirer les cartes, il ne faut pas oublier de voir si la personne pour laquelle on les tire est sortie du jeu. On prend ordinairement le roi de cœur pour un homme blond marié ; le roi de trèfle pour un homme brun marié ; la dame de cœur pour une dame ou une demoiselle blonde ; la dame de trèfle pour une dame ou une demoiselle brune ; le valet de cœur pour un jeune homme blond ; le valet de trèfle pour un jeune homme brun. — Si la carte qui représente la personne pour qui on opère ne se trouve pas dans les douze cartes que le hasard vient d’amener, on la cherche dans le reste du jeu, et on la place simplement à la fin des douze cartes sorties. Si, au contraire, elle s’y trouve, on fait tirer à la personne pour qui on travaille (ou l’on lire soi-même si c’est pour soi que l’on consulte) une treizième carte à jeu ouvert. On la place pareillement à la fin des douze cartes étalées, parce qu’il est reconnu qu’il faut treize cartes. Alors, on explique sommairement l’ensemble du jeu. Ensuite, en partant de la carte qui représente la personne pour qui on interroge le sort, on compte sept et on s’arrête ; on interprète la valeur intrinsèque et relative de la carte sur laquelle on fait station ; on compte sept de nouveau, et de nouveau on explique, parcourant ainsi tout le jeu à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’on revienne précisément à la carte de laquelle on est parti. On doit déjà avoir vu bien des choses, il reste cependant une opération importante. On relève les treize cartes, on les mêle, on fait à nouveau couper de la main gauche. Après quoi on dispose les cartes à couvert sur dix paquets : 1° pour la personne ; 2° pour la maison ou son intérieur ; 3° pour ce qu’elle attend ; 4° pour ce qu’elle n’attend pas ; 5° pour sa surprise ; 6° pour sa consolation ou sa pensée. — Les six premières cartes ainsi rangées sur la table, il en reste sept dans la main. On fait un second tour, mais on ne met une carte que sur chacun des cinq premiers paquets. Au troisième tour, on pose les deux dernières cartes sur les numéros 1 et 2. On découvre ensuite successivement chaque paquet, et on l’explique en commençant par le premier, qui a trois cartes ainsi que le deuxième, en finissant par le dernier qui n’en a qu’une. — Voilà tout entier l’art de tirer les cartes ; les méthodes varient ainsi que la valeur des cartes, auxquelles on donne dans les livres spéciaux des sens très-divers et très-arbitraires ; mais les résultats ne varient pas.

Nous terminerons en indiquant la manière de faire ce qu’on appelle la réussite. — Prenez également un jeu de piquet de trente-deux cartes. Faites huit paquets à couvert de quatre cartes chacun, et les rangez sur la table ; retournez la première carte de chaque paquet ; prenez les cartes de la même valeur deux par deux, comme deux dix, deux rois, deux as, etc., en retournant toujours à découvert sur chaque paquet la carte qui suit celle que vous enlevez. Pour que la réussite soit assurée, il faut que vous retiriez de la sorte toutes les cartes du jeu, deux par deux, jusqu’aux dernières. — On fait ces réussites pour savoir si un projet ou une affaire aura du succès, ou si une chose dont on doute a eu lieu.

Alliette, sous le nom d’Etteilla, a publié un long traité sur cette matière. Citons encore l’Oracle parfait, ou nouvelle manière de tirer les