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terre, et le sénat reconnut que Castor et Pollux étaient les protecteurs de la république.

Pausanias explique cette apparition : « C’étaient, dit-il, des jeunes gens revêtus du costume des Tyndarides et apostés pour frapper les esprits crédules. »

On sait que Castor et Pollux sont devenus la constellation des Gémeaux.

Castro (Alphonse de), célèbre prédicateur né au Pérou, et l’un des plus savants théologiens du seizième siècle, auteur d’un livre contre les magiciens[1].

Cataboliques. « Ceux qui ont lu les anciens savent que les démons cataboliques sont des démons qui emportent les hommes, les tuent, brisent et fracassent, ayant cette puissance sur eux. De ces démons cataboliques, Fulgence raconte qu’un certain Campester avait écrit un livre particulier, qui nous servirait bien, si nous l’avions, pour apprendre au juste comment ces diables traitaient leurs suppôts, les magiciens et les sorciers[2]. »

Cathaï-Khann, prince de la mer chez les Tartares. Ce démon est un affreux cannibale qui se saisit un jour de son compère Djilbeguenn, dit le trompeur, le fit bouillir et le mangea. Il possède une flèche qui lui revient toujours quand elle a accompli sa mission. Elle a percé un jour une montagne de cuivre et lui est revenue après avoir fait le tour de la terre. Un serpent aux écailles d’or, qui avait sur sa tête une corne d’argent et des yeux d’escarboucle, distants de douze arpents l’un de l’autre, avec une queue sans fin, dévora son enfant. Cataï lui décocha sa flèche au front, qu’elle sépara en deux. Le prince de la mer trouva son enfant dans le ventre du serpent ; l’enfant vivait encore là, en compagnie de quelques héros, vivants encore aussi, avec leurs chevaux. Alors le cheval de Cataï dit à son maître : « Enlève la couverture qui est sous ma selle ; et je donnerai à l’enfant le peu de lait qui me reste du temps où je tetais ma mère ; » et l’enfant vécut ; et plus tard il mangea aussi son père[3]. Ce sont là des traditions tartares.

Catalde, évêque de Tarente au sixième siècle. Mille ans après sa mort, on raconte qu’il se montra une nuit, en vision, à un jeune Tarentin du seizième siècle, et le chargea de creuser en un lieu


qu’il lui désigna, où il avait caché et enterré un livre écrit de sa main pendant qu’il était au monde, lui disant qu’incontinent qu’il aurait recouvré ce livre, il ne manquât point de le faire tenir à Ferdinand, roi d’Aragon et de Naples, qui régnait alors. Le jeune homme n’ajouta point foi d’abord à cette vision, quoique Catalde lui apparût presque tous les jours pour l’exhorter à faire ce qu’il lui avait ordonné. Enfin, un matin, avant l’aurore, comme il était en prière, il aperçut Catalde vêtu de l’habit épiscopal, lequel lui dit avec une contenance sévère : — Tu n’as pas tenu compte de chercher le livre que je t’avais enseigné et de l’envoyer au roi Ferdinand ; sois assuré, cette fois pour toutes, que si tu n’exécutes ce que je t’ai commandé, il t’en adviendra mal.

Le jouvenceau, intimidé de ces menaces, publia sa vision ; le peuple ému s’assembla pour l’accompagner au lieu marqué. On y arriva ; on

  1. De sortilegis ac maleficis, eorumque punitione, Lyon, 1568.
  2. Leloyer, Hist. et discours des spectres, liv. VII, ch. iv.
  3. M. Elie Reclus, Légendes tartares, extraites d’A. Scheifner. (Revue germanique, livraison d’août 1860, p. 421 et 427.)