Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CÉS
CHA
— 152 —

armée sur les bords du Rubicon que ses soldats hésitaient à traverser, il apparut un inconnu de taille extraordinaire qui s’avança en sifflant vers le général. Les soldats accoururent pour le voir ; aussitôt le fantôme saisit la trompette de l’un d’eux, sonne la charge, passe le fleuve ; et César s’écrie, sans délibérer davantage : — Allons où les présages des dieux et l’injustice de nos ennemis nous appellent. — L’armée le suivit avec ardeur.

Lorsqu’il débarqua en Afrique pour faire la guerre à Juba, il tomba à terre. Les Romains se troublèrent de ce présage ; mais César rassura les esprits en embrassant le sol et en s’écriant, comme si sa chute eût été volontaire : « Afrique, tu es à moi, car je te tiens dans mes bras. »

On a vanté l’étonnante force de ses regards ; on a dit que des côtes des Gaules, il voyait ce qui se passait dans l’île des Bretons. Roger Bacon, qui ne doute pas de ce fait, dit que Jules César n’examinait ainsi tout ce qui se faisait dans les camps et dans les villes d’Angleterre qu’au moyen de grands miroirs destinés à cet usage.

On assure que plusieurs astrologues prédirent à César sa mort funeste ; que sa femme Calpurnie lui conseilla de se défier des ides de mars ; qu’un devin célèbre tâcha également de l’effrayer par de sinistres présages lorsqu’il se rendait au sénat, où il devait être assassiné : toutes choses contées après l’événement.

On ajoute qu’une comète parut à l’instant de sa mort. On dit encore qu’un spectre poursuivit Brutus, son meurtrier, à la bataille de Philippes ; que, dans la même journée, Cassius crut voir au fort de la mêlée César accourir à lui à toute bride, avec un regard foudroyant, et qu’effrayé de cette vision terrible, il se perça de sonépée.

Quoi qu’il en soit, Jules César fut mis au rang des dieux par ordre d’Auguste ? qui prétendit que Vénus avait emporté son âme au ciel. On le représentait dans ses temples avec une étoile sur la tête, à cause de la comète qui parut au moment de sa mort.

César, charlatan qui vivait à Paris sous Henri IV, et qui était astrologue, nécromancien, chiromancien, physicien, devin, faiseur de tours magiques. Il disait la bonne aventure par l’inspection des lignes de la main. Il guérissait en prononçant des paroles et par des attouchements. Il arrachait les dents sans douleur, vendait assez cher de petits joncs d’or émaillés de noir, comme talismans qui avaient des propriétés merveilleuses contre toutes les maladies. Il escamotait admirablement et faisait voir le diable avec ses cornes. Quant à cette dernière opération, il semble qu’il voulait punir les curieux d’y avoir cru ; car ils en revenaient toujours si bien rossés par les sujets de Belzébuth, que le magicien lui-même était obligé de leur avouer qu’il était fort imprudent de chercher à les connaître. Le bruit courut à Paris, en 1611, que l’enchanteur César et un autre sorcier de ses amis avaient été étranglés parle diable. On publia même, dans un petit imprimé, les détails de cette aventure infernale. Ce qu’il y a de certain, c’est que César cessa tout à coup de se montrer. Il n’était cependant pas mort ; il n’avait même pas quitté Paris. Mais il était devenu invisible, comme quelques autres que l’État se charge de loger[1]. Voy. Ruggiéri.

Césara. Les Irlandais croient remonter à Césara, petite-fille de Noé, disent-ils, qui se réfugia dans leur île, où, par grâce spéciale, elle’fut à l’abri des eaux du déluge.

Césonie, femme de Caligula. Suétone conte que, pour s’assurer le cœur de son auguste époux, elle lui fit boire un philtre qui acheva de lui faire perdre l’esprit. On prétend qu’il y avait dans ce philtre de l’hippomane, qui est un morceau de chair qu’on trouve quelquefois, dit-on, au front du poulain nouveau né. Voy. Hippomane.

Ceurawats, sectaires indiens, qui ont si grande peur de détruire des animaux, qu’ils se couvrent la bouche d’un linge pour ne pas avaler d’insectes. Ils admettent un bon et un mauvais principe, et croient à des transmigrations perpétuelles dans différents corps d’hommes ou de bêtes.

Cévennes. Voy. Dauphiné.

Ceylan. Les habitants croient que cette île fut le lieu qu’Adam et Ève habitèrent, après avoir été chassés du jardin de délices.

Chabbalach. Voy. Malache.

Chacon (Alphonse), en latin Ciaconius, dominicain espagnol du seizième siècle, auteur du traité traduit par Cayet : Comment l’âme de Trajan fut délivrée de l’enfer[2].

Chacran, tonnerre de Wishnou. Les Indiens le représentent sous la figure d’un cercle qui vomit du feu de tous côtés, comme nos soleils d’artifice.

Chahriver, amschaspand qui préside aux richesses métalliques enfouies dans le sein de la terre.

Chaîne du diable. C’est une tradition parmi les vieilles femmes de la Suisse que saint Bernard tient le diable enchaîné dans quelqu’une des montagnes qui environnent l’abbaye de Clairvaux. Sur cette tradition est fondée la coutume des maréchaux du pays de frapper tous les lundis, avant de se mettre en besogne, trois coups de marteau sur l’enclume pour resserrer la chaîne du diable, afin qu’il ne puisse s’échapper.

Chaire salée. On donnait ce nom en Champagne à une monstrueuse effigie de dragon que l’on promenait à Troyes dans les processions

  1. Charlatans célèbres, t. I, p. 202.
  2. Tractatus de liberatione animœ Trajani imperatoris a pœnis inferni, etc. Rome, 1576. Reggio, 1585.