Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/183

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CLO
COC
— 175 —

d’un cercueil à la porte d’une maison infestée, on en écarte à jamais les revenants et les fantômes. Boguet parle d’une sorcière qui, pour un cheval blessé, disait certains mots en forme d’oraison et plantait en terre un clou qu’elle ne retirait jamais. Les Romains, pour chasser la peste, fichaient un clou dans une pierre qui était au côté droit du temple de Jupiter ; ils en faisaient autant contre les charmes et sortilèges, et pour apaiser les discordes qui survenaient entre les citoyens. « Il y en a pareillement qui, se voulant prévaloir contre leurs ennemis, plantent un clou dans’un arbre. Or, quelle force peut avoir ce clou ainsi planté[1] ? »

Clovis, fils de Chilpéric Ier. Il ne restait à Chilpéric que ce fils de sa première femme. Le jeune homme fut assez indiscret pour s’expliquer sans ménagement sur Frédégonde, qu’il regardait comme son ennemie. Elle résolut de se débarrasser de lui. Clovis aimait une jeune fille de basse extraction ; un émissaire de Frédégonde vint dire au roi que c’était la fille d’une magicienne ; que Clovis avait employé les artifices de cette femme pour se défaire de ses deux frères (empoisonnés, à ce qu’on croit), et qu’il tramait la mort de la reine. La vieille femme, mise à la question, fut forcée d’avouer qu’elle était sorcière. Clovis, convaincu, se vit dépouillé de ses riches vêtements et conduit dans une prison, où des assassins le poignardèrent, si les historiens disent vrai ; et on fit accroire au monarque qu’il s’était tué lui-même. La magicienne, dont la fille venait aussi d’être mise à mort, fut épouvantée de ses aveux, qu’elle rétracta ; mais on se hâta de lui imposer silence en la conduisant au bûcher. C’est du moins ainsi que racontent les choses des chroniqueurs peu favorables, il est vrai, à Frédégonde[2].

Cluricaunes, esprits familiers un peu lutins en Irlande. On en compte beaucoup d’histoires[3].

Cobales, génies malins et trompeurs de la suite de Bacchus, dont ils étaient à la fois les gardes et les bouffons. Selon Leloyer, les cobales, connus des Grecs, étaient des démons doux et paisibles, nommés par quelques-uns bonhomets ou petits bonshommes des montagnes, parce qu’ils se montrent en vieux nains de basse stature ; ils sont vêtus court, demi-nus, la manche retroussée sur l’épaule, et portent un tablier de cuir sur les reins.

« Cette sorte de démons est présentement assez plaisante, car tantôt vous les verrez rire, tantôt se gaudir, tantôt sauter de joie, et faire mille tours de singe ; ils contreferont et imiteront les singes, et feront tant et plus les embesognés, combien qu’ils ne fassent rien du tout. À cette heure, vous les verrez bêcher dans les veines d’or ou d’argent, amasser ce qu’ils auront bêché, et le mettre en des corbeilles et autres vaisseaux pour cet effet préparés, tourner la corde et la poulie afin d’avertir ceux d’en haut de tirer le métal, et fort rarement voit-on qu’ils offensent les ouvriers, s’ils ne sont grandement provoqués de brocards, injures et risées dont ils sont impatients. Alors ils jetteront premièrement de la terre et de petits cailloux aux yeux des pionniers, et quelquefois les blesseront[4]. »

Les Allemands appellent ces mêmes démons familiers Kobold. Voy. ce mot.

Coboli, génies ou démons révérés par les anciens Sarmates. Ils croyaient que ces esprits habitaient les parties les plus secrètes des maisons, et même les fentes du bois. On leur offrait les mets les plus délicats. Lorsqu’ils avaient l’intention de se fixer dans une habitation, ils en prévenaient ainsi le père de famille : la nuit ils assemblaient des tas de copeaux et répandaient de la fiente de divers animaux dans les vases de lait : gracieuses manières de s’annoncer. Si le lendemain le maître de la maison laissait ces copeaux en un tas, et faisait boire à sa famille le lait ainsi souillé, alors les cobolis se rendaient visibles et habitaient désormais avec lui ; mais s’il dispersait les copeaux et jetait le lait, ils allaient chercher un autre gîte.

Les cobolis sont de l’essence des gobelins, des cobales, du kobold des Allemands, des boggards et des cluricaunes.

Cocconas. Voy. Alexandre de Paphlagonie.

Cochon. Est-il vrai, comme le croit le peuple,


que de tous les animaux le cochon soit celui dont l’organisation ait le plus de ressemblance avec

  1. Boguet, Discours des sorciers, ch. lx.
  2. Sur le roi Clovis Ier, voyez ses légendes, dans les Légendes de l’histoire de France.
  3. Voyez les Légendes des esprits et démons.
  4. Leloyer, Histoire et discours des spectres, etc., p. 345, post Wierum, De prœst., lib. I, cap. xxii.