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semblait. Cette prétendue sorcière, qui n’exerçait probablement qu’une petite vengeance, si elle n’était pas en proie à quelque illusion, ne fut pas châtiée.

Dolers, démon invoqué dans les litanies du sabbat.

Domfront (Guérin de), fils de Guillaume de Bellême, seigneur de Domfront, ayant traitreusement fait couper la tête à son ennemi endormi chez lui, fut, dit-on, étouffé par le diable[1].

Domingina-Maletana, sorcière qui, dans une joute qu’elle fit avec une autre sorcière, sauta sans se blesser du haut de la montagne de la Rhune, qui borne les trois royaumes de France, d’Espagne et de Navarre, et gagna le prix[2].

Dominique. Voy. Hallucinations.

Domitien. Un jour qu’il donnait un festin aux sénateurs de Rome, à l’occasion de son triomphe sur les Daces, Domitien, qui avait de singuliers caprices, les fit entrer dans une salle qu’il avait fait tendre en noir, et qui était éclairée par des lampes sépulcrales. Chaque convive se trouva placé vis-à-vis d’un cercueil, sur lequel il vit son nom écrit… Une troupe d’enfants barbouillés de noir représentait une danse des ombres infernales. La danse finie, ils se dispersèrent, chacun auprès du convive qu’il devait servir. Les mets furent les mêmes que ceux que l’on offrait aux morts dans les cérémonies funèbres. Un morne silence régnait dans cette assemblée. Domitien parlait seul ; il ne racontait que des histoires sanglantes et n’entretenait les sénateurs que de mort. Les convives sortirent enfin de la salle du festin et furent accompagnés chacun à leur maison par des hommes vêtus de noir, armés et silencieux. — À peine respiraient-ils, que l’empereur les fit redemander ; mais c’était pour leur donner la vaisselle qu’on avait servie devant eux et à chacun celui de ces petits esclaves qui les avaient servis. C’était bien là un plaisir de tyran.

Domovoï, esprits de ténèbres chez les Russes. On les chasse par l’eau de la Néva, bénite le jour de l’Épiphanie.

Donatistes, sectateurs de Donat, qui dominaient et ne pardonnaient rien. Dans leurs fureurs contre les catholiques, qui admettent à la réconciliation ceux qui sont tombés, les donatistes attaquaient partout les fidèles enfants de l’Église, les assommaient, brûlaient leurs maisons et leurs églises. « Ils commencent leurs massacres au chant de l’Alléluia, disent les récits contemporains ; ni l’âge, ni l’innocence n’obtiennent grâce à leurs yeux ; quand ils veulent bien faire miséricorde, ils tuent d’un seul coup. » Leur schisme, élevé au commencement du quatrième siècle, dura une centaine d’années. Les procédés des donatistes ont été renouvelés par les Albigeois, puis par les hussites, par les luthériens et par les calvinistes. Les camisars entraient dans cette voie, si on ne les eût pas arrêtés.

Doni (Antoine-François), Florentin, né en 1503 ; il y a des choses bizarres dans ses Mondes célestes, terrestres et infernaux, volume in-4o, dont on a une vieille traduction française.

Doppet (François-Amédée), membre du conseil des Cinq-Cents, auteur d’un Traité théorique et pratique du magnétisme animal ; Turin, 1784, un vol. in-8o ; d’une Oraison funèbre de Mesmer, avec son testament, Genève, 1785, in-8o ; d’une Médecine occulte ou Traité de la magie naturelle et médicinale, 1785, in-4o.

Dorâch-y-Rhibyn, fée sinistre du pays de Galles. Elle vient frotter ses ailes de cuir contre les vitres pour annoncer la mort de quelqu’un. Elle appelle le malade par un long cri lamentable.

Dorée (Catherine), sorcière du dix-septième siècle, qui fut brûlée vive pour avoir tué son enfant par ordre du diable ; elle jetait des poudres et guérissait les ensorcelés en leur mettant un pigeon sur l’estomac. Barbe Dorée, autre sorcière, était parente de Catherine.

Dormants. L’histoire des sept Dormants est encore plus fameuse chez les Arabes que chez les chrétiens. Mahomet l’a insérée dans son Koran, et les Turcs l’ont embellie.

Sous l’empire de Décius, l’an de notre ère 250, il y eut une grande persécution contre les chrétiens. Sept jeunes gens, attachés au service de l’empereur, ne voulant pas désavouer leur croyance et craignant les supplices, se réfugièrent dans une caverne située à quelque distance d’Éphèse. Par une grâce particulière, ils y dormirent d’un sommeil profond pendant deux cents ans. Les mahométans assurent que, durant ce sommeil, ils eurent des révélations surprenantes, et qu’ils apprirent en songe tout ce que pourraient savoir des hommes qui auraient employé un pareil espace de temps à étudier assidument.

Leur chien, ou du moins celui d’un d’entre eux, les avait suivis dans leur retraite ; il mit à profit, aussi bien qu’eux, le temps de son sommeil. Il devint le chien le plus instruit du monde.

Sous le règne de Théodose le jeune, l’an de Notre-Seigneur 450, les sept Dormants se réveillèrent et entrèrent dans la ville d’Éphèse, croyant n’avoir fait qu’un bon somme ; mais ils trouvèrent tout bien changé. Il y avait longtemps que les persécutions contre le christianisme étaient finies ; des empereurs chrétiens occupaient les deux trônes impériaux d’Orient et d’Occident. Les questions des frères et l’étonnement qu’ils témoignèrent aux réponses qu’on leur fit surprirent tout le monde. Ils contèrent naïvement leur his-

  1. Mémoires de Thébaul de Champassais sur la ville de Domfront.
  2. Delancre, Tableau de l’inconst. des démons, etc., liv. III, p. 210.