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L’éternument, quand on l’entendait à sa droite, était regardé chez les Grecs et les Romains comme un heureux présage. Les Grecs, en parlant d’une belle personne, disaient que les amours avaient éternué à sa naissance. Les Siamois admettent un enfer. Ils disent que, dans cet affreux séjour, il y a des juges qui écrivent sûr un grand livre tous les péchés des hommes, que leur chef est continuellement occupé à parcourir ce recueil, et que les personnes dont il lit l’article ne manquent jamais d’éternuer au même instant. De là, disent-ils, est venue la coutume de souhaiter une longue vie ou l’assistance divine à ceux qui éternuent. Lorsque le roi de Sennaar éternuait, ses courtisans lui tournaient le dos, en se donnant de la main une claque sur la fesse droite.

Étienne. Un homme qui s’appelait Étienne avait la mauvaise habitude de parler à ses gens comme s’il eût parlé au diable, ayant toujours le diable à la bouche. Un jour qu’il revenait de voyage, il appela son valet en ces termes : — Viens ça, bon diable, tire-moi mes chausses. À peine eut-il prononcé ces paroles qu’une griffe invisible délia ses caleçons, fit tomber ses jarretières et descendit ses chausses jusqu’aux talons. Étienne, effrayé, s’écria : — Retire-toi, Satan, ce n’est pas toi, mais bien mon domestique que j’appelle. Le diable se retira sans se montrer, et maître Étienne n’invoqua plus ce nom[1].

Pour un autre Étienne, Voy. Guido.

Etna. Le christianisme chassa de l’Etna et des îles de Lipari Vulcain, les Cyclopes et les Géants. Mais les démons se mirent à leur place ; et quand on institua la fête des morts, afin d’enlever au purgatoire et de rendre au paradis une foule d’âmes souffrantes, on entendit, comme le raconte un saint ermite, des bruits affreux dans l’Etna et des détonations étourdissantes dans les îles voisines. C’était Satan et toute sa cour, Satan et tout son peuple de démons qui hurlaient de désespoir et redemandaient à grands cris les âmes que la nouvelle foi venait de leur ravir[2].

Ethnophrones, hérétiques du septième siècle, qui joignaient au christianisme les superstitions païennes, l’astrologie, les augures, les expiations, les jours heureux et malheureux, les divinations diverses.

Étoiles. Mahomet dit que les étoiles stables et les étoiles qui filent sont les sentinelles du ciel ; elles empêchent les diables d’en approcher et de connaître les secrets de Dieu. Les Romains voyaient des divinités dans les étoiles. Les Étéens observaient, un certain jour de l’année, le lever de l’étoile Sirius : si elle paraissait obscure, ils croyaient qu’elle annonçait la peste.

Étraphill, l’un des anges des musulmans. Il se tient toujours debout : c’est lui qui embouchera la trompette pour annoncer le jour du jugement.

Étrennes. Dans les temps reculés, chez nos pères, loin de se rien donner mutuellement dans les familles le premier jour de l’an, on n’osait même rien prêter à son voisin. Mais chacun mettait à sa porte des tables chargées de viandes pour les passants. On y plaçait aussi des présents superstitieux pour les esprits. Peut-être était-ce un reste de ce culte que les Romains rendaient, le premier jour de l’année, aux divinités qui présidaient aux petits cadeaux d’amis. Quoi qu’il en soit, l’Église fut obligée, sous Charlemagne, d’interdire les présents superstitieux que nos ancêtres déposaient sur leurs tables. Les canons donnent à ces présents le nom d’étrennes du diable.

Etteilla. On a publié sous ce nom déguisé, qui est l’anagramme d’Alliette, plusieurs traités de cartomancie.

Eubius, auteur d’un livre intitulé Apparitions d’Apollonius, ou Démonstration des apparitions d’aujourd’hui, in-4o, Amsterdam, 1735 (en latin).

Eucharistie. « L’épreuve par l’Eucharistie se faisait en recevant la communion. Ainsi Lotaire, roi de Lotharingie, jura, en recevant la communion de la main du pape Adrien II, qu’il avait renvoyé Valdrade, sa concubine ; ce qui était faux. Comme Lothaire mourut un mois après, en 868, sa mort fut attribuée à ce parjure sacrilège. Cette épreuve fut supprimée par le pape Alexandre II[3]. »

Euchites. Voy. Satanaki.

Eumèces, caillou fabuleux, ainsi nommé de sa forme oblongue, et que l’on disait se trouver dans la Bactriane. On lui attribuait la vertu d’apprendre à une personne endormie ce qui s’était passé pendant son sommeil, si elle avait dormi avec cette pierre posée sur sa tête.

Eurynome, démon supérieur, prince de la

    que cette coutume nous est venue des Juifs et des gentils, comme si nous devions rejeter tous les usages honnêtes qui nous sont venus des uns et des autres. Ils ajoutent qu’elles doivent passer pour criminelles, puisque les Pères de l’Eglise les ont condamnées. Mais, ajoute Chevreau, « ils n’ont condamné que la superstition et les augures que l’on tirait d’éternuer le soir, le matin ou à minuit, à certaines heures, à droite ou à gauche, une fois ou deux, sous le signe du Bélier, du Taureau, du Sagittaire, du Capricorne, etc. ; et il ne faut que le sens commun pour être assuré que cela ne présage ni bien ni mal. Mais si nous souhaitons bonheur et santé à nos parents et à nos amis quand ils s’embarquent pour un long voyage, ou qu’ils entreprennent une grande affaire, où est le mal de leur dire : Dieu vous soit en aide ! quand ils éternuent, puisque l’éternument est une espèce de convulsion et d’épilepsie de courte durée ; qu’il est nuisible quand il est violent et redoublé ; que nous savons, des historiens et des médecins, qu’il a été suivi de la mort en quelques rencontres, et qu’il en est même quelquefois un signe ? »

  1. Gregorii Magni Dialog., lib. III, cap. xx.
  2. M. Didron, Histoire du diable.
  3. Bergier, Dictionnaire théologique.