Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/286

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
FLA
FLO
— 278 —

Comme il n’y avait rien dans ce buisson, le démon promit que la somme se trouverait le lendemain dans la cave même du charron ; Pâque s’y rendit le lendemain, avec sa femme et celle du bonhomme qui avait donné les cent quatre-vingt-douze francs pour la première affaire. Mais néant encore ; et pour surcroît, Boury, qu’ils prenaient à partie, les menaça de se plaindre au procureur du roi… Pâque reconnut qu’il était trompé, et se retira avec son argent perdu… Nous sommes cependant dans le dix-neuvième siècle, et nous avons les lumières du dix-huitième !…

Flauros, grand général aux enfers. Il se fait voir sous la figure d’un terrible léopard. Lorsqu’il prend la forme humaine, il porte un visage

affreux, avec des yeux enflammés. Il connaît le passé, le présent et l’avenir, soulève tous les démons ou esprits contre ses ennemis les exorcistes, et commande vingt légions[1].

Flavia-Veneria-Bessa, femme qui fit bâtir une chapelle en l’honneur des anciens monarques de l’enfer, Pluton et Proserpine, par suite d’un avertissement qu’elle avait eu en songe[2].

Flavin, auteur d’un ouvrage intitulé l’État des âmes trépassées, in-8o, Paris, 1579.

Flaxbinder. Le professeur Hanov, bibliothécaire à Dantzig, après avoir combattu les apparitions et les erreurs des différents peuples touchant les revenants et les spectres, raconte toutefois le fait suivant :

« Flaxbinder, plus connu sous le nom de Johannes de Curiis, passa les années de sa jeunesse dans l’intempérance et la débauche. Un soir, tandis qu’il se plongeait dans l’ivresse des plus sales plaisirs, sa mère vit un spectre qui ressemblait si fort, par la figure et la contenance, à son fils qu’elle le prit pour lui-même. Ce spectre était assis près d’un bureau couvert de livres, et paraissait profondément occupé à méditer et à lire tour à tour. Persuadée qu’elle voyait son fils, et agréablement surprise, elle se livrait à la joie que lui donnait ce changement inattendu, lorsqu’elle entendit dans la rue la voix de ce même Flaxbinder, qui lui semblait être dans la chambre. Elle fut horriblement effrayée. On le serait à moins. Cependant ayant observé que celui qui jouait le rôle de son fils ne parlait pas, qu’il avait l’air sombre, hagard et taciturne, elle conclut que ce devait être un spectre ; et, cette conséquence redoublant sa terreur, elle se hâta de faire ouvrir la porte au véritable Flaxbinder. Il entre, il approche ; le spectre ne se dérange pas. Flaxbinder, pétrifié à ce spectacle, forme, en tremblant, la résolution de s’éloigner du vice, de renoncer à ses désordres, d’étudier enfin et d’imiter le fantôme. À peine a-t-il conçu ce louable dessein que le spectre sourit d’une manière un peu farouche, comme font les savants, ferme les livres et s’envole… »

Flèches. Voici une divination qui se pratique chez les Turcs par le moyen des flèches. S’ils doivent aller à la guerre, entreprendre un voyage, ou acheter quelque marchandise, ils prennent quatre flèches qu’ils dressent en pointe l’une contre l’autre, et qu’ils font tenir par deux personnes, c’est-à-dire par quatre mains ; puis ils mettent sur un coussin une épée nue devant eux, et lisent un certain chapitre du Koran. Alors les flèches se battent durant quelque temps, et enfin les unes montent sur les autres. Si, par exemple, les victorieuses ont été nommées chrétiennes (car dans les divinations relatives à la guerre ils appellent deux de ces flèches les Turcs, et donnent aux deux autres le nom de leur ennemi), c’est signe que les chrétiens vaincront ; si autrement, c’est une marque du contraire[3]Voy. Bélomancie.

Fleurs. On a eu aussi des idées mystérieuses sur les fleurs. On donnait des vertus à leurs pétales, surtout quand ils sont au nombre de cinq. On croyait guérir la fièvre quotidienne avec un pétale, la fièvre tierce avec trois, la fièvre quarte avec quatre.

Flins. Les anciens Vandales adoraient sous ce nom une grosse pierre qui représentait la Mort couverte d’un long drap, tenant un bâton à la main et portant une peau de lion sur les épaules. Ces peuples croyaient que cette divinité, lorsqu’elle était de bonne humeur, pouvait les ressusciter après leur trépas.

Florent de Villiers. Voy. Villiers.

Florimond de Rémond, conseiller au parlement de Bordeaux, mort en 1602. Il s’était jeté dans la réforme de Calvin. Les révélations d’une possédée qu’il vit exorciser le firent rentrer dans

  1. Wierus, Deprœstigiis dœmon., p. 929.
  2. Leloyer, Hist. des spectres ou apparitions, t. IV,
  3. Lebrun, Histoire des pratiques superstitieuses, t. II, p. 405.