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don, s’il veut empêcher de parler ; celles d’un loup, d’un vautour, d’un renard, d’un hibou, d’une araignée, d’un dragon, s’il prétend effrayer. Quelquefois il prend une tête d’homme sur un corps de bête. Les coqs alors le devinent et s’en effrayent. Sil paraît en homme, la contrefaçon ne peut jamais être parfaite ; il est donc toujours sale, puant, laid ; son nez est incorrect ; ses yeux sont enfoncés, ses mains et ses pieds ont des griffes ; il boite d’une jambe quand il ne boite pas des deux. Sa voix semble sortir d’une pierre creuse ou d’un tonneau[1]… »

M. Didron, en tête de sa curieuse Histoire du diable (Histoire archéologique), fait remarquer que « dans l’Inde le diable, avec ses formes mons-

trueuses, ne se compose que de membres confus d’animaux féroces ou perfides ; il a généra-

lement plusieurs têtes et plusieurs bras. En Occident, le diable a le plus souvent la forme humaine, mais laide et repoussante. » Le savant archéologue induit de l’Apocalypse que le chef des démons est Satan ; il est représenté par saint Jean avec sept têtes, dix cornes, sept couronnes et une queue immense. Il a deux lieutenants : l’un, qui règne sur les mers, a pareillement sept têtes, dix cornes et dix couronnes, trois de plus

que le maître, avec un corps de léopard, des pieds d’ours et une queue de lion ; l’autre, qui règne sur la terre, estime bête à deux cornes qui n’a que le nom de la Bête. Les démons subalternes ont d’autres formes de bêtes monstrueuses. Voy. Figures.

Fornéus, marquis infernal, semblable à un monstre marin. Il instruit l’homme dans les plus hautes affaires, fait du bien à ses amis et du mal à ses ennemis ; il a sous son pouvoir vingt-neuf légions de Trônes et d’Anges[2].

Forras. Voy. Forças.

Fortes-épaules. Le peuple de Dijon croit à l’existence d’une espèce de lutin de ce nom qui porte des fardeaux, et qui rappelle le Forte-échine de madame d’Aulnoy, dans le conte du Chevalier Fortuné.

  1. Gorres, Mystique, liv. VII, ch. xxvi.
  2. Wierus, De prœstigiis.