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FUM
GAB
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moyen de le faire rechercher des adeptes alchimistes, par diverses allusions, et surtout par un passage curieux où, sous le voile de l’allégorie, il peint la confection du grand œuvre. Ce passage, devenu célèbre chez les enfants de l’art, se trouve à la page 345 de l’édition de 1612, moins rare que la première, ainsi que dans l’Harmonie mystique de David Laigneau, Paris, 1636, in-8o.

Fumigations. Quelques doctes pensent que les bonnes odeurs chassent les démons, gens qui puent et qui ne peuvent aimer, comme a dit une grande sainte. Les exorcistes emploient diverses fumigations pour chasser les démons ; les magiciens les appellent également par des fumigations de fougère et de verveine ; mais ce ne sont que des cérémonies accessoires.

Funérailles. Voy. Deuil.

Furcas (le même que Forcas). Voy. ce nom.

Furfur, comte aux enfers. Il se fait voir sous la forme d’un cerf avec une queue enflammée ; il ne dit que des mensonges, à moins qu’il ne soit enfermé dans un triangle. Il prend souvent la figure d’un ange, parle d’une voix rauque et entretient l’union entre les maris et les femmes. Il fait tomber la foudre, luire les éclairs et gronder le tonnerre dans les lieux où il en reçoit l’ordre. Il répond sur les choses abstraites. Vingt-six légions sont sous ses ordres[1].

Furies, divinités infernales chez les anciens, ministres de la vengeance des dieux, et chargées d’exécuter les sentences des juges de l’enfer.

Fusely (Henri), célèbre artiste anglais. Il ressemblait un peu à nos peintres de l’école romantique : il affectionnait les sujets hideux et sauvages. C’est pour cela, sans doute, qu’il aimait beaucoup la mythologie barbare des Scandinaves : il l’a prouvé par plusieurs tableaux, la Descente d’Odin au Nastrund ; Lock, dieu des jours noirs, dévorant des victimes humaines, etc. Fusely avait tant de prédilection pour son Thor combattant le serpent, qu’il le présenta à l’Académie royale, comme son tableau d’admission. Il était embarrassé quand il avait à peindre la beauté tranquille

Furfur.


ou les grâces paisibles. Dans les sujets chrétiens, il introduisait toujours Satan ou Lucifer. Son goût pour les sujets effrayants était si connu de ses confrères qu’ils l’avaient surnommé le peintre ordinaire du diable. Il en riait lui-même en causant avec eux. — C’est vrai, disait-il, le diable a souvent posé pour moi, et si j’avais pu le rendre comme je l’ai vu, j’aurais surpassé Michel-Ange, et vous seriez tous morts de peur et d’admiration.


G

Gaap (autrement dit Tap). Voy. Tap.

Gabinius ou Gabienus. Dans la guerre de Sicile, entre Octave et Sextus Pompée, un des gens d’Octave, nommé Gabinius, ayant été fait prisonnier, eut la tête coupée. Un loup emporta cette tête ; on l’arracha au loup, et sur le soir on entendit ladite tête qui se plaignait et demandait à parler à quelqu’un. On s’assembla autour ; alors la bouche de cette tête dit aux assistants qu’elle était revenue des enfers pour révéler à Pompée des choses importantes. Pompée envoya aussitôt un de ses lieutenants, à qui le mort déclara que ledit Pompée serait vainqueur. La tête chanta ensuite dans un poëme les malheurs qui menaçaient Rome ; après quoi elle se tut, à ce que disent Pline et Valère Maxime.

Si ce trait a quelque fondement, c’était sans doute une fourberie exécutée au moyen d’un ventriloque, et imaginée pour relever le courage des troupes. Mais elle n’eut point de succès : Sextus Pompée, vaincu et sans ressource, s’enfuit en Asie, où il fut tué par les gens de Marc-Antoine.

Gabino, démon de l’espèce de Kleudde ; il se montre le plus souvent sous la peau du cheval sauvage, très-redouté dans le pays de Vannes.

Gabkar. Les Orientaux croient à une ville fabuleuse appelée Gabkar, qu’ils disent située dans les déserts habités par les génies.

Gabriel (Gilles) a écrit au dix-septième

  1. Wierus, in Pseudomonarchia dœm.