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des démons. Elle a été conservée par Orderic Vital[1].

Gaufridi (Louis-Jean-Baptiste), curé de Marseille qui, infidèle à ses devoirs, tomba dans le désordre et se fit sorcier vers la fin du seizième siècle. On raconte que le diable lui apparut un jour, pendant qu’il lisait un livre de magie ; ils entrèrent en conversation et firent connaissance. Le prêtre se livra au diable par un pacte en règle, à condition qu’il lui donnerait le pouvoir de suborner et de séduire en soufflant au visage. Le diable y consentit d’autant plus volontiers, qu’il trouvait dans ce marché un double avantage. L’apostat s’éprit de la fille d’un gentilhomme, Madeleine de la Palud, dont l’histoire est devenue célèbre. Mais bientôt la demoiselle effrayée se retira dans un couvent d’ursulines. Gaufridi furieux y envoya, disent les relations du temps, une légion de démons ; la sorcellerie du prêtre fut prouvée. Un arrêt du parlement de Provence le condamna au feu, en avril 1611.

Gauric (Luc), astrologue napolitain, né en 1476. Selon Mézeray et le président de Thou, il annonça positivement que le roi Henri II serait tué dans un duel et mourrait d’une blessure à l’œil ; ce qui fut vrai. Catherine de Médicis avait

en Luc Gauric la confiance la plus entière. Bentivoglio, seigneur de Bologne, le condamna à cinq tours d’estrapade, pour avoir eu la hardiesse de lui prédire qu’il serait chassé de ses États ; ce qui n’était pas difficile à prévoir, vu la disposition des esprits qui détestaient ce seigneur. Gauric mourut en 1558, âgé de quatre-vingt-deux ans. On a de lui une Description de la sphère céleste, publiée dans ses œuvres, Bâle, 1575, 3 vol. in-fol. On y trouve aussi un Éloge de l’astrologie. — On attribue à son frère Pomponius Gauric un livre dans lequel on traite de la physiognomonie, de l’astrologie naturelle, etc.[2] ; mais il ne paraît pas que cet ouvrage soit de Pomponius, il serait plutôt de Luc. Le Traité astrologique de Luc Gauric[3] est un livre assez curieux. Pour prouver la vérité de l’astrologie, il dresse l’horoscope de tous les personnages illustres, dont il a pu découvrir l’heure de la naissance ; il démontre que tout ce qui leur est arrivé se trouvait prédit dans leur horoscope, — comme si on n’y trouvait pas tout ce qu’on veut !

Gaurie, génie ou lutin que la superstition des villageois bas bretons croit voir danser autour des amas de pierres, ou monuments druidiques, désignés dans la langue des anciens insulaires par le mot chiorgaur, que l’on a traduit par ceux-ci : chorea gigantum, ou danse des géants, mais qu’il serait peut-être plus exact d’entendre chorea Gauriorum, danse des Gauries.

Gauthier (Jean), alchimiste. Charles IX, trompé par ses promesses, lui fit donner, pour faire de l’or, cent vingt mille livres, et l’adepte se mit à l’ouvrage. Mais après avoir travaillé huit jours ; il se sauva avec l’argent du monarque : on courut à sa poursuite, on l’attrapa, et il fut pendu.

Gauthier, conspirateur écossais. Voy. Walter.

Gauthier de Bruges. On conte que ce cordelier, nommé évêque par le pape Nicolas III, et déposé par Clément V, appela à Dieu de cette déposition et demanda qu’en l’inhumant on lui mît son acte d’appel à la main. Quelque temps après sa mort, le pape Clément V, étant venu à Poitiers, et se trouvant logé au couvent des cordeliers, désira visiter les restes de celui qu’il avait déposé ; on ajoute qu’il se fit ouvrir le tombeau, et qu’il fut effrayé en voyant Gauthier de Bruges agitant son acte d’appel d’une main desséchée[4]. » Conte imaginé par les ennemis du Pape.

Gayot de Pitaval, Lyonnais, auteur de la compilation des Causes célèbres, ouvrage indigeste. Mort en 1743. Nous ne le citons que pour faire remarquer l’esprit léger, mais hostile, dans lequel, à propos de la possession de Loudun, il a admis tous les mensonges de Saint-Aubin. Voy. ce nom.

  1. Voyez cette vision dans les Légendes de l’autre monde.
  2. Pomponii Gaurici Neapolitani tractatus de symmetriis, lineamentis et physiognomonia, ejusque speciebus, etc., Argentor., 1630, avec la Chiromancie de Jean Ab Indagine.
  3. Lucœ Gaurici geophonensis episcopi civitatensis tractai us astrologicus, in quo agitur de prœteritis multorum hominum accidentibus per proprias eorum genituras, ad unguem examinatis. Venetiis. In-4°, 1552.
  4. M. de Marchangy, Tristan le voyageur, ou la France au quatorzième siècle, t. I er, ch. {{rom|iv, p. 63.