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vaste du pays, mais qui en est assurément la plus remarquable, et qu’on appelle la Grange du Diable (Duyvel’s dak).

Il n’y a presque pas de province où l’on ne montre, dans quelque ferme écartée, une grange mal famée qu’on appelle la Grange du diable. Par suite d’un pacte avec un paysan dans l’embarras, c’est toujours le diable qui l’a bâtie en une nuit, et partout le chant du coq l’a fait fuir avant qu’il eût gagné son pari ; car il y a un trou qui n’est pas couvert, ou quelque autre chose qui manque à toutes ces granges. On en cite plusieurs qui sont fameuses[1].

Granson. Paul Diacre (Hist. Longob.) raconte ceci : Deux seigneurs lombards, nommés Aldon et Granson, ayant déplu à Cunibert, roi de Lombardie, ce prince résolut de les faire mourir. Il s’entretenait de ce projet avec son favori, lorsqu’une grosse mouche vint se planter sur son front et le piqua vivement ; Cunibert chassa l’insecte, qui revint à la charge, et qui l’importuna jusqu’à le mettre dans une grande colère. Le favori,

Grandier en prison.


voyant son maître irrité, ferma la fenêtre pour empêcher l’ennemi de sortir et se mit à poursuivre la mouche, pendant que le roi tira son poignard pour la tuer. Après avoir sué bien longtemps, Cunibert joignit l’insecte fugitif, le frappa ; mais il ne lui coupa qu’une patte, et la mouche disparut. — Au même instant Aldon et Granson, qui étaient ensemble, virent apparaître devant eux une espèce d’homme qui semblait épuisé de fatigue et qui avait une jambe de bois. Cet homme les avertit du projet du roi Cunibert, leur conseilla de fuir et s’évanouit tout aussitôt. Les deux seigneurs rendirent grâces à l’esprit de ce qu’il faisait pour eux ; après quoi ils s’éloignèrent comme l’exigeaient les circonstances.

Grasvitnir, dragon Scandinave qui épouvante le monde de ses sifflements dans les tempêtes.

Gratarole (Guillaume), médecin du seizième siècle, mort en 1568. Il est auteur d’un ouvrage intitulé Observations des différentes parties du corps de l’homme pour juger de ses facultés morales[2]. Bâle, 1554, in-8. Il a composé aussi sur l’Antéchrist un ouvrage que nous ne connaissons pas ; enfin, des traités sur l’alchimie et sur l’art de faire des almanachs.

Gratianne (Jeannette), habitante de Sibour ou Siboro, au commencement du dix-septième siècle. Accusée de sorcellerie à l’âge de seize ans,

  1. Voyez la Grange du diable, dans les Légendes infernales.
  2. De prœdictione morum naturarumque hominum facili ex inspectione partium corporis.