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Le Livre d’Hénoch, tel que nous l’avons, passe pour apocryphe et n’est probablement pas celui que cite saint Jude.

Henri III, fils de Catherine de Médicis ; il était infatué de superstitions. Ses contemporains le représentent comme sorcier. Dans un des pamphlets qu’on répandit contre lui, on lui reproche d’avoir tenu au Louvre des écoles de magie et d’avoir reçu en présent des magiciens un esprit familier nommé Terragon (voyez ce mot), du nombre des soixante esprits nourris à l’école de Soliman. Cette accusation de sorcellerie est, dit-on, ce qui mit le poignard dans les mains de Jacques Clément. Les ennemis de ce mauvais prince avaient tenté auparavant de le faire mourir en piquant ses images en cire, ce qui s’appelait envoûter.

Voici l’extrait d’un pamphlet intitulé les Sorcelleries de Henri de Valois et les oblations qu’il faisait au diable dans le bois de Vincennes, Didier Millot, 1589, pamphlet qui parut quelques mois avant l’assassinat de Henri III :« Henri de Valois, d’Épernon et les autres mignons faisaient quasi publiquement profession de sorcellerie, étant commune à la cour entre iceux et plusieurs personnes dévoyées de la religion catholique ; on a trouvé chez d’Épernon un coffre plein de papiers de sorcellerie, auxquels il y avait divers mots hébreux, chaldaïques, latins et plusieurs caractères inconnus, des rondeaux ou cernes, desquels alentour il y avait diverses figures et écritures ; même des miroirs, onguents ou drogues, avec des verges blanches, lesquels semblaient être de coudrier, que l’on a incontinent brûlés pour l’horreur qu’on en avait. On a encore trouvé dernièrement au bois de Vincennes deux satyres d’argent, de la hauteur de quatre pieds. Ils étaient au-devant d’une croix d’or, au milieu de laquelle on avait enchâssé du bois de la vraie croix de Notre Seigneur Jésus-Christ. Les politiques disent que c’étaient des chandeliers. Ce qui fait croire le contraire, c’est que dans ces vases, il n’y avait point d’aiguille qui passât pour y mettre un cierge ou une petite chandelle. Ces monstres diaboliques ont été vus par messieurs de la ville. Outre ces deux diables, on a trouvé une peau d’enfant, laquelle avait été corroyée, et sur icelle y avait aussi plusieurs mots de sorcellerie et divers caractères… » Le fait est que les Valois s’occupaient de sciences occultes. On fit l’anagramme du nom de Henri III : Henri de Valois, où l’on trouve Vilain Hérode.

Henri III, empereur d’Allemagne. Étant encore très-jeune, Henri III obtint d’un clerc une petite canule d’argent avec laquelle les enfants s’amusent à jeter de l’eau. Pour l’engager à lui faire ce modique présent, il avait promis à ce clerc que, dès qu’il serait monté sur le trône, il ne manquerait pas de le faire évêque. C’était à une époque où le saint-siége ne cessait de travailler à éteindre la simonie, fréquente surtout en Allemagne. Henri devint empereur en 1139 ; il se souvint de sa parole et l’exécuta. Mais il ne tarda guère à tomber dans une fâcheuse maladie ; il fut trois jours à l’extrémité sans aucun sentiment. Un faible mouvement du pouls fit juger seulement qu’il y avait encore quelque lueur d’espérance de le ramener à la vie. Le prince recouvra en effet la santé. Aussitôt il fit appeler ce prélat, qu’il avait fait si précipitamment évêque, et, de l’avis de son conseil, il le déposa. Afin de justifier un jugement aussi bizarre, il assura que, pendant les trois jours de sa léthargie, les démons se servaient de cette même canule d’argent, qui avait été le prix de l’évêché, pour lui souffler un feu si violent que notre feu élémentaire ne saurait lui être comparé. Ce fait singulier est rapporté par Guillaume de Malmesbury, historien du douzième siècle.

Henri IV, empereur d’Allemagne, l’un des monstres de l’histoire. Excommunié, il eut une mort misérable[1]. Son fils, Henri V, marcha sur ses traces.

Henri IV, roi d’Angleterre. Il poursuivit les sorciers ; mais il encouragea d’autres philosophes. Au rapport d’Evelyn, dans ses Numismata, Henri IV fut réduit à un tel degré de besoin par ses folles dépenses, qu’il chercha à remplir ses coffres avec les secours de l’alchimie. L’enregistrement de ce singulier projet contient les protestations les plus solennelles et les plus sérieuses de l’existence et des vertus de la pierre philosophai, avec des encouragements à ceux qui s’occuperont de sa recherche, et leur affranchissement de toute espèce de contrariétés de la part des statuts et prohibitions antérieures. On avait prédit à ce roi Henri IV qu’il mourrait à Jérusalem. Il se garda bien d’y aller. Mais il tomba malade subitement dans l’abbaye de Westminster et y mourut dans une chambre appelée Jérusalem.

Henri VIII. Le Néron de l’Angleterre servait le diable, aussi bien que Luther, Calvin et consorts.

Henri IV, roi de France. On fit une recherche assez curieuse sur le nombre quatorze relativement à Henri IV. Il naquit quatorze siècles, quatorze décades, et quatorze ans après l’ère chrétienne. Il vint au monde le ik décembre et mourut le 14 mai. Il a vécu quatre fois quatorze ans, quatorze semaines, quatorze jours. Enfin, dans son nom de Henri de Bourbon ; il y a quatorze lettres.

Henri le Lion. C’est le duc Henri de Brunswick, qui partit à la croisade vers la fin du douzième siècle, et fut jeté en revenant dans une île déserte, où un lion s’attacha à lui. Il y avait sept ans qu’il soupirait là après sa patrie, lorsque le diable se présenta à ses regards, offrant de le

  1. Voyez à ce sujet les Légendes des croisades.