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viennent du prix ; l’acheteur en compte l’argent, et ils le boivent. C’était joie jusque-là. Mais, la nuit venant, l’acheteur dit : « Il est temps, je pense, que chacun se retire chez soi ; celui qui a acheté un cheval a le droit de l’emmener. Vous permettrez donc que je prenne ce qui est à moi. » Or, ce disant, il empoigne son vendeur tout tremblant, et l’emmène où il n’avait pas cru aller si vite ; de telle sorte que jamais plus de pays n’en ouït nouvelles[1]. Voy. Mort.

 
Les trois ivrognes
Les trois ivrognes
Les trois ivrognes.
 

Âme damnée. On donne ce nom, à Constantinople, à l’alcyon voyageur, qui est très-commun dans ce pays. Quelque rapide que soit son vol, il n’est jamais accompagné d’aucun bruit. On ne le voit jamais se poser, ni chercher, ni prendre sa nourriture. Il a le dos noir, le ventre blanc. Il plane toute la journée sur le Bosphore, et ne s’en écarte rarement que pour y revenir avec précipitation.

Âme des bêtes. Dans un petit ouvrage très-spirituel sur l’âme des bêtes, un père jésuite a ingénieusement développé cette singulière idée de quelques philosophes anciens, que les bêtes étaient animées par les démons les moins coupables, qui faisaient ainsi leur expiation. Voy. Albigeois.

Âme du monde. « La force, sans cesse changeante, du sein de laquelle s’épanchent et se précipitent sur nous tant de merveilles, c’est l’âme du monde, » nous dit Cornélius Agrippa, le grand héritier de l’École d’Alexandrie, et cette âme féconde toute chose, tout être que la nature enfante ou que façonne l’art ! Elle le féconde en y infusant ses propriétés célestes. Arrangées selon la formule que la science enseigne, ces choses reçoivent le don de nous communiquer leurs vertus. Il suffit alors de les porter sur soi pour qu’elles opèrent sur le corps et sur l’âme. Tout aussitôt vous les sentez produire en vous la maladie ou la santé, l’audace ou la peur, la tristesse ou la joie, et nous devenons par elles tantôt un objet de faveur et d’amour, tantôt un objet de haine, d’horreur et d’abomination[2]. « Ainsi, ajoute M. le chevalier Gougenot des Mousseaux, que nous transcrivons ici[3], l’âme du monde, la grande force universelle et fluidique, devient sous nos doigts l’âme des talismans et des charmes du magnétisme ou de la sorcellerie ! Quel autre trait nous peindra plus au vif sa nature !… »

Amenon. Les Chaldéens comptaient ce héros parmi leurs rois. Ils disaient qu’il a régné douze sares. Or, s’il faut en croire les doctes, le sare est de trois mille six ans. Ce qui ferait un règne assez long.

Améthyste, pierre précieuse d’un violet foncé, autrefois la neuvième en ordre sur le pectoral du grand prêtre des Juifs. Une vieille opinion populaire lui attribue la vertu de garantir de l’ivresse.

Amiante, espèce de pierre incombustible, que Pline et les démonographes disent excellente contre les charmes de la magie[4].

Amilcar, général carthaginois. Assiégeant Syracuse, il crut entendre, pendant son sommeil, une voix qui l’assurait qu’il souperait le lende-

  1. Il se publie en ce moment (1862) à Genève un journal dont voici le titre : « Journal de l’âme, s’occupant essentiellement des phénomènes d’intuition ou de sentiment, et en particulier de ceux relatifs à la prière, aux songes, à la contemplation, à l’extase, aux visions, à la lucidité magnétique, à l’instinct des animaux, aux phénomènes des tables, à ceux du crayon, etc. » Les protestants commencent donc à croire au delà de leur Bible ?
  2. De philosophia occulta, Cornelius Agrippa, p. 65, 239, etc.
  3. La magie au dix-neuvième siècle, p. 210, 211.
  4. Delancre, De l’inconstance, etc., liv. IV, disc. iii.