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JAC
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teur sauvage de la nation ou peuplade qui habite le Monténégro. Quand la mer Bleue et Kataro seront rendus aux Monténégrins, alors Ivo sortira de son sommeil magique et se mettra de nouveau à la tête de ses descendants pour renvoyer les Autrichiens dans leurs humides et nuageuses contrées.[1]

Iwan Basilowitz. Voy. Jean.

Iwangis, sorciers des îles Moluques, qui font aussi le métier d’empoisonneurs. On prétend qu’ils déterrent les corps morts et s’en nourrissent, ce qui oblige les Moluquois à monter la garde auprès des sépultures, jusqu’à ce que les cadavres soient pourris.



J

Jabamiah, mot puissant de la cabale élémentaire, lequel, prononcé par un sage cabaliste, restitue les membres tronqués.

Jacob. Voy. Eternument.

Jacobins de Berne. Voy. Jetzer.

Jack. Parmi les démons inférieurs de la sphère du feu, nous ne saurions oublier le feu follet appelé vulgairement en Angleterre Jack with the lantern, Jack à la lanterne, que Milton nomme aussi le moine des marais. Selon la chronique de l’abbaye de Gorwey, ce moine en séduisit un autre, frère Sébastien, qui, revenant de prêcher la fête de saint Jean, se laissa conduire à travers champs par la fatale lanterne jusqu’au bord d’un précipice où il périt. C’était en l’année 1034 ; nous ne saurions vérifier le fait.

Les paysans allemands regardent ce diable de feu comme très-irritable ; pourtant ils ont quelquefois la malice de lui chanter un couplet qui le met en fumeur. — Il n’y a pas trente ans qu’une fille du village de Lorsch eut l’imprudence de chanter ce refrain, au moment où le follet dansait sur une prairie marécageuse : aussitôt il poursuivit la chanteuse ; celle-ci se mit à courir de toute la vitesse de ses jambes ; elle se croyait déjà sauvée en apercevant sa maison, mais à peine franchissait-elle le seuil que Jack à la lanterne la franchit aussi et frappa si violemment de ses ailes tous ceux qui étaient présents qu’ils en furent éblouis. Quant à la pauvre fille, elle en perdit la vue ; elle ne chanta plus que sur le banc de sa porte, lorsqu’on lui assurait que le ciel était pur. Telle est du moins la légende.

Il ne faut pas être un très-fort chimiste pour deviner la nature de ce démon électrique ; mais on peut le classer avec les démons du feu qui dénoncent les trésors cachés par les flammes livides qu’ils font exhaler de la terre, et avec ceux qui parcourent les cimetières par un temps d’orage. Maintes fois, autour des sources sulfureuses où les petites maîtresses vont chaque année réconforter leurs poitrines délicates, le montagnard des Pyrénées voit voltiger des gobelins de la même famille ; ils agitent leurs aigrettes bleuâtres pendant la nuit, et font même entendre de légères détonations.

Le plus terrible de ces démons est celui qui fond son essence vivante dans les liqueurs fermentées, qui s’introduit sous cette forme liquide dans les veines d’un buveur, et y allume à la longue un incendie qui le dévore, en fournissant aux médecins un exemple de plus de ce qu’ils appellent scientifiquement une combustion spontanée[2].

Jacques Ier. Le roi d’Angleterre Jacques Ier, que Henri IV appelait si plaisamment maître Jacques, ne se contentait pas de faire brûler les sorciers ; il a produit encore, sous le titre de Démonologie, un gros volume pour prouver que les sorciers entretiennent un commerce exécrable avec le diable. Aujourd’hui on ne peut nier l’intervention des esprits dans les choses de la vie commune. Mais le roi Jacques mit peut-être à poursuivre ces délits une férocité un peu grande. Elle était de son temps et de sa secte. En 1591, un attentat contre la vie du roi Jacques et de la reine fut attribué à la magie. Voici comment on parvint à le découvrir : Une domestique nommée Gellis Duncan avait attiré les soupçons de son maître par certaines cures extraordinaires. Le bailli de Tranent, pour les éclaircir, la fit appliquer à la question. On lui serra les doigts dans des poucettes et on lui comprima la tête à l’aide d’une corde ; mais sans en tirer aucun aveu. On conclut de son silence qu’elle portait une marque du diable, et on n’en douta plus quand on eut remarqué un signe sur sa gorge.

À cette vue le charme tomba ; elle avoua n’avoir fait de cure extraordinaire qu’avec l’aide de Satan ; elle révéla des maléfices inouïs jusqu’alors, commis avec l’assistance d’une foule de complices qu’elle signala, et dont trente ou quarante furent arrêtés. Dans ce nombre figuraient de grandes dames, entre autres Euphémie Macalzean, sœur de lord Clistonhall, l’un des membres du sénat judiciaire d’Édinbourg. Jacques devait se faire un point d’honneur de suivre assidûment les fils de ce dédale de mystères dia-

  1. M. Edmond Texier, Le prince de Monténégro, 1834.
  2. Emprunté à la Quarterly Review.