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boliques. Chaque jour il était présent à l’examen des accusés et manifestait son étonnement à chaque trait horrible ou grotesque de leur confession.

Il assista à la danse du sabbat, exécutée par Gellis Duncan, dont la fameuse Agnès Sampson, nommée la femme sage de Keith, avait la première reconnu le talent. Le personnage le plus

 
Illustration du Dictionnaire infernal de Jacques Auguste Simon Collin de Plancy par Louis Le Breton, 6eme édition, 1863.
Illustration du Dictionnaire infernal de Jacques Auguste Simon Collin de Plancy par Louis Le Breton, 6eme édition, 1863.
Quelques-unes des sorcières du roi Jacques.
 
important de ce drame est le nommé Cuningham, que l’instruction désigne sous le nom du docteur Fian, maître d’école près de Tranent. Il subit la torture avec une énergie physique et un courage moral extraordinaires. On commença par lui serrer fortement une corde autour de la tête. Cette première épreuve ne lui arracha aucun aveu. On essaya la persuasion pour l’engager à confesser sa folie. Ce procédé fut également inutile. Enfin on le soumit à un instrument de torture nommé les boltes. Après avoir eu les jambes écrasées à la troisième application du fatal instrument, il révéla des détails qui attestaient une profonde immoralité et embrassaient toutes les circonstances du crime de haute trahison à l’aide de maléfices. Ramené dans sa prison et mis au secret pendant deux ou trois jours, Fian parvint à s’échapper. Repris après son évasion, il rétracta ses aveux, au grand désappointement du roi, qui, pour lui rendre la mémoire, le fit remettre à la question. On lui écrasa les ongles à l’aide d’une pince, et, entre les ongles et la chair, on enfonça jusqu’à la tête des clous garnis de deux pointes.

Il persista néanmoins à garder le silence.

On le soumit encore au supplice des bottes, et cette horrible épreuve dura si longtemps qu’à la fin ses jambes n’étaient plus qu’une plaie, et que ses os brisés se faisaient jour à travers des lambeaux de chair d’où le sang ruisselait à flots. Enfin, vaincu par la douleur, le docteur rompit le silence, et ses réponses offrirent avec les aveux que la torture arracha à Agnès Sampson une coïncidence qui frappa de douleur et de stupeur l’esprit du roi. Mais ce qui passe toute croyance, c’est l’aplomb avec lequel les deux accusés révélèrent les incidents le plus horriblement grotesques ; aussi Jacques s’écria-t-il : après les avoir entendus : « Voilà de grands imposteurs. »

 
Illustration du Dictionnaire infernal de Jacques Auguste Simon Collin de Plancy par Louis Le Breton, 6eme édition, 1863.
Illustration du Dictionnaire infernal de Jacques Auguste Simon Collin de Plancy par Louis Le Breton, 6eme édition, 1863.
 

On sait que la monomanie superstitieuse de Jacques était de guerroyer contre Satan et ses agents terrestres. Les chroniques du temps assurent même qu’un jour, désappointé du mauvais