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on les accusait de n’avoir pas bien veillé à leur conservation, et de s’être laissé surprendre par les esprits malfaisants. Caligula fit jeter les siens par la fenêtre, parce que, disait-il, il était mécontent de leurs services.

Quand les jeunes garçons étaient devenus assez grands pour quitter les bulles qu’on ne portait que dans la première jeunesse, ils les pendaient au cou des dieux lares. Les esclaves y pendaient aussi leurs chaînes, lorsqu’ils recevaient la liberté.

Larmes. Les femmes accusées de sorcellerie étaient regardées comme véritablement sorcières lorsqu’elles voulaient pleurer et qu’elles ne le pouvaient. Une sorcière dont parle Boguet dans son Premier avis ne put jeter aucune larme, bien qu’elle se fût plusieurs fois efforcée devant son juge : (< Car il a été reconnu par expérience que les sorciers ne jettent point de larmes : ce qui a donné occasion à Spranger, Grilland et Bodin de dire que l’une des plus fortes présomptions que l’on puisse élever contre le sorcier est qu’il ne larmoie point[1]. »

Larrivey (Pierre), poëte dramatique du seizième siècle, né à Troyes en 1596. Il s’est fait connaître par un Almanach avec grandes prédictions, le tout diligemment calculé, qu’il publia de 1618 à 1647. Il précéda ainsi Matthieu Lænsbergh. Il ne mangeait point de poisson, parce que, selon son horoscope, il devait mourir étranglé par une arête, prédiction qui ne fut pas accomplie. Les almanachs qui continuent de porter son nom sont encore très-estimés dans le midi de la France, comme ceux de Matthieu Lænsbergh dans le Nord.

Larves, âmes des méchants que l’on dit errer çà et là pour épouvanter les vivants ; on les confond souvent avec les lémures, mais les larves ont quelque chose de plus effrayant.

Lorsque Caligula fut assassiné, on dit que son palais devint inhabitable, à cause des larves qui l’occupaient, jusqu’à ce qu’on lui eut décerné une pompe funèbre.

Launoy (Jean), célèbre docteur de Sorbonne, né le 21 décembre 1603 à Valdéric, diocèse de Coutances. Il a laissé une dissertation pédantesque sur la vision de saint Simon Stock, qu’il n’a pas su comprendre, étant un peu trop janséniste. Un volume in-8o ; 1653 et 1663.

Laurier, arbre qu’Apulée met au rang des plantes qui préservent les hommes des esprits malins. On croyait aussi chez les anciens qu’il garantissait de la foudre.

Lauthu, magicien tunquinois, qui prétendait avoir été porté soixante-dix ans dans le sein de sa mère. Ses disciples le regardaient comme le créateur de toutes choses. Sa morale est trèsrelâchée ; c’est celle que suit le peuple, tandis que la cour suit celle de Confucius.

Lavater (Louis), théologien protestant, né à Kibourg en 1527, auteur d’un traité sur les spectres, les lémures[2], etc. ; Zurich, 1570, in-12, plusieurs fois réimprimé.

Lavater (Jean-Gaspard), né à Zurich en 1741,


mort en 1801, auteur célèbre de l’Art de juger les hommes par la physionomie. Voy. Physiognomonie.

Lavisari. Cardan écrit qu’un Italien nommé Lavisari, conseiller et secrétaire d’un prince, se trouvant une nuit seul dans un sentier, le long d’une rivière, et ne sachant où était le gué pour la passer, poussa un cri dans l’espoir d’être entendu des environs. Son cri ayant été répété par une voix de l’autre côté de l’eau, il se persuada que quelqu’un lui répondait, et demanda : — Dois-je passer ici ? — La voix lui répondit : — Ici.

Il vit alors qu’il était sur le bord d’un gouffre où l’eau se jetait en tournoyant. Épouvanté du danger que ce gouffre lui présentait, il s’écrie encore une fois : — Faut-il que je passe ici ? — La voix lui répondit : — Passe ici. — Il n’osa s’y hasarder, et, prenant l’écho pour le diable, il crut qu’il voulait le faire périr et retourna sur ses pas[3].

Layra, nom d’une maladie que donnaient les sorciers dans une pomme ou dans un autre aliment, et qui produisait le besoin indomptable d’aboyer. Delancre en a eu les preuves. Les mêmes coquins infusaient aussi par le même procédé de violentes épilepsies.

Lazare, tzar des Serviens dans leurs temps héroïques. On lit sur ce prince, dans les chants populaires des Serviens, de singulières légendes.

Leur grand cycle poétique, c’est l’ère fatale de la conquête, c’est la bataille de Kossowo, où périt le roi Lazare, trahi par son gendre Wuk et par ses douze mille guerriers. À cette bataille, le poëte fait intervenir le prophète Élio, qui annonce au roi la volonté de Dieu et l’avertit qu’il est temps de choisir entre le royaume du ciel et celui de la terre. Lazare mande le patriarche de Servie et les douze grands archevêques, pour qu’ils donnent la sainte communion

  1. Boguet, Premier avis, n°60, p. 26.
  2. De spectris, lemuribus et magnis atque insolilis fragoribus et præsagitionibus quæ obitum hominum, clades mutalionesque imperiorum præcedunt, etc.
  3. Lenglet-Dufresnoy, Dissertations, t. I, p. 169.