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Angat. Nom du diable à Madagascar, où il est regardé comme un génie sanguinaire et cruel. On lui donne la figure du serpent.

Angelieri, Sicilien du dix-septième siècle qui n’est connu que par un fatras dont il publia deux volumes, et dont il en promettait vingt-quatre, sous le titre de Lumière magique, ou origine, ordre et gouvernement de toutes les choses célestes, terrestres et infernales, etc.[1]. Mongitore en parle dans le tome Ier de sa Bibliothèque sicilienne.

Angélique, plante qui passe pour un préservatif contre les fascinations de la magie. On la mettait en manière d’amulette au cou des petits enfants pour les garantir des maléfices.

Angerbode ou Angurbode, femme gigantesque qui se maria avec Lock, selon l’opinion des Scandinaves, et qui enfanta trois monstres : le loup Fenris, le serpent Jormungandur et la démone Héla qui garde le monde souterrain.

Anges. Saint Augustin prouve que les anges ont été créés dans l’œuvre des six jours, car ils ne l’ont pas été avant, puisqu’il n’existait alors aucune créature ; ils ne l’ont pas été après, puis que Dieu dit dans l’Écriture : « Quand les astres furent formés, tous mes anges me louèrent à haute voix. » Ils ont probablement reçu l’existence quand le Créateur dit : « Que la lumière soit ! » parole qui s’applique toujours tout ensemble, suivant le grand évêque d’Hippone, au monde visible et au monde invisible.

Quel est leur nombre ? Daniel en vit mille millions qui servaient le Seigneur, et dix mille millions qui étaient devant lui. Les bienheureuses armées des esprits supérieurs forment, dit l’Aréopagite, une multitude que nous ne pouvons compter. Puisque Dieu veut la perfection dans ses ouvrages, poursuit l’Ange de l’école, plus une chose est parfaite, plus elle est multipliée ; de sorte que les substances immatérielles sont incomparablement plus nombreuses que les substances matérielles.

 
Anges
Anges
Anges.
 

La théologie a donné des ailes aux anges, dit saint Denis l’Aréopagite, pour marquer la célérité de leur mouvement. Tertullien reprend : Ils peuvent se transporter partout en un moment. Albert le Grand signale quelques erreurs sur le mouvement angélique. « Les uns croient, dit-il, que les anges se meuvent par la pensée. Opinion fausse. Quand je me représente Constantinople, Calcutta, Canton, ma pensée ne traverse pas les régions de l’Orient ; elle trouve là, dans mon cerveau, les idées qui fixent son regard. Si donc les esprits célestes se mouvaient comme la pensée, ils resteraient dans le même lieu. » Albert le Grand continue : « D’autres pensent que les anges se meuvent par l’effet des vertus qui leur obéissent. Cette opinion va droit à l’hérésie : elle est contraire à l’enseignement des livres saints. Commander à des forces actives, leur donner l’impulsion, les diriger en quelque sorte à travers l’espace, ce n’est pas se mouvoir soi-même. Or, l’Écriture sainte attribue en mille endroits le mouvement personnel aux célestes intelligences, D’autres disent enfin que les anges se meuvent par la faculté qu’ils ont d’être en même temps dans plusieurs lieux, même partout quand ils le désirent. Mais cette opinion mérite aussi la note d’hérésie. L’être qui est partout ne se meut point, et un esprit supérieur qui pourrait être partout serait immense, infini : il serait Dieu[2].

Les Juifs, à l’exception des sadducéens, admettaient et honoraient les anges, en qui ils voyaient, comme nous, des substances spirituelles, intelligentes, les premières en dignité

  1. Lux magica academica, cælestium, terrestrium et infernorum origo, ordo et subordinatio cunctorum, quoad esse, fieri et operari, XXIV voluminibus divisa. Pars I, Venise, 1686, sous le nom de Livio Betani ; pars II, Venise, 1687. Ces deux volumes sont in-4o.
  2. M. l’abbé Lachat, Analyse du livre de M. l’abbé Thiboudet sur les esprits.