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tout près de l’œil, d’une plaie de mauvaise nature et dont on ignorait l’origine. On peut croire quelle impression fâcheuse une telle coïncidence apparente faisait sur sa pauvre mère. La petite fille, cependant, n’avait aucune idée de Josefsdal, ni du welling, et par conséquent ne put jamais faire aucune révélation.

» Heureusement cette épidémie, dans ces deux villages, s’est calmée un peu au bout de quelques mois ; mais les esprits de la population n’en sont pas moins extrêmement agités, et des symptômes alarmants se montrent dans les contrées voisines. »

Il y a eu de tout temps, chez tous les peuples peu éclairés, grand nombre de magiciens, et on a beaucoup écrit contre eux. Nous citerons ici quelques-uns des mille et un volumes qui traitent de cette matière ex professo : 1° le Traité de la magie blanche, ou de l’escamotage, de Decremps ; 2° la Magie naturelle, de Porta ; 3° la Véritable magie noire, ou le Secret des secrets, manuscrit trouvé à Jérusalem dans le sépulcre de Salomon, contenant quarante-cinq talismans, avec la manière de s’en servir et leurs merveilleuses propriétés ; plus, tous les caractères— ma— giques connus jusqu’à ce jour, traduit du mage Iroé-Grego, Rome, 1750. Cet ouvrage stupide est donné comme un écrit de Salomon. On y trouve surtout des conjurations. 4° Trinum magicum, ou Traité des secrets magiques, contenant des recherches sur la magie naturelle, artificielle et superstitieuse ; les talismans, les oracles de Zoroastre, les mystères des Égyptiens, Hébreux, Chaldéens, etc., in-8o, Francfort, 1673 ; 5° Lettres de Saint-André, conseiller médecin ordinaire du roi, à quelques-uns de ses amis, au sujet de la magie, des maléfices et des sorciers, etc., Paris, in-12, 1725 ; 6° Traité sur la magie, le sortilège, les possessions, obsessions et maléfices, etc. ; par M. Daugis ; Paris, in-12, 1732. De nos jours on a vu paraître sur ces matières quelques ouvrages d’esprit divers. M. Jules Garinet a donné en 1818 une Histoire de la magie en France, pleine de faits curieux, mais trop sceptiques. Plus récemment, M. Alfred Maury a écrit sur la magie pour la nier. M. Louis Figuier a voulu ainsi expliquer le merveilleux sans trop l’admettre. L’abbé Fiard, dont on s’est raillé, a été peut-être un peu crédule aux yeux du vulgaire ; mais il n’a pas toujours vu faux. M. Eudes de Mirville a parfaitement démontré l’existence palpable des esprits. M. le chevalier Gougenot des Mousseaux, dans son savant livre intitulé la Magie au dix-neuvième siècle, a solidement établi les faits magiques, dans le passé et de nos jours, ainsi que le concours actif des démons autour de nous[1]. Enfin, la Mystique divine, naturelle et diabolique, de Görres, est aussi un livre que les négations ne tueront pas. Voy. Bodin, Delrio, Delancre, Leloyer, Boguet, Wierus, etc.

Magie islandaise. La première magie de ces peuples, devenus aujourd’hui plus sensés, consistait autrefois à évoquer des esprits aériens, et à les faire descendre sur la terre pour s’en servir. Elle était regardée comme la magie des grands. Cependant ces derniers en avaient une seconde, qui consistait à interpréter le chant des oiseaux, surtout des corneilles, les oiseaux les plus instruits dans la connaissance des affaires d’État et les plus capables de prédire l’avenir. Mais comme il n’en existe point en Islande, les corbeaux remplissaient cet office : les rois ne faisaient pas même scrupule de se servir de cette magie.

Magnétisme, science longtemps occulte. Cependant elle a été pratiquée par l’hérétique Marc, plus récemment par Mesmer et Cagliostro. Voici ce qu’écrivait à Bruxelles, en 1839, dans un recueil périodique intitulé le Magnétophile, un écrivain qui pouvait être M. Jobard ou M. Victor Idgiez :

« Le nom de magnétiseurs ne désignait autrefois que quelques mesmériens ou illuminés et quelques songe-creux. Aujourd’hui le magnétisme a fraternisé avec les sciences physiques, qui seules pouvaient éclairer ses données ; il forme la souche principale dont les autres sciences ne sont que les rameaux… Ses progrès sont liés plus immédiatement au profit de la société qu’elle ne semble le penser, dans la préoccupation de ses mesquines passions, de sa vie tumultueuse et agitée. Sous quelque point de vue qu’on le considère, son importance éclate et grandit chaque jour ; mais son immensité nuit encore à ses progrès, parce que personne, isolément, n’a encore le pouvoir d’embrasser son étendue. Le magnétisme est un problème qui se débat depuis près d’un siècle en Europe, dont l’Académie de médecine, en France, a ranimé l’énergie sans en donner la solution, et qui se complique, au contraire, chaque jour davantage par des phénomènes plus merveilleux. On l’a vu concentré d’abord entre les mains de quelques adeptes ignorants ou fanatiques ; de grandes expériences ont été faites ensuite, appuyées sur des noms qui ont porté la conviction dans quelques esprits. Aujourd’hui des savants le rejettent encore, il est vrai ; mais un savant se décide si difficilement à désapprendre ! Une innovation l’épouvante, car elle l’humilie et le détrône. Les doctrines cartésiennes ont lutté longtemps en France contre les vieilles universités avant d’obtenir leur droit de cité ; plus tard elles repoussèrent elles-mêmes les principes de la philosophie newtonienne ; celle-ci rejetait les découvertes d’Huygens ; Beaumé et Lesage niaient les belles théories de la chimie moderne ; Romé-Delisle persiflait l’in-

  1. La magie au dix-neuvième siècle, ses agents, ses vérités, ses mensonges, par le chevalier Gougenot des Mousseaux, etc. Beau vol. in-8o, Henri Pion, éditeur, 1861.}}