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MAI
MAL
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de gloire, quand on a eu la précaution de frotter le seuil de la porte avec un onguent composé de fiel de chat noir, de graisse de poule blanche et de sang de chouette, lequel onguent doit être fait dans la canicule[1].

Main invisible. Gaspard Schott, dans sa Magie universelle, livre IV, page 407, rapporte le fait suivant, dont il a été témoin dans son enfance, et qu’il a entendu raconter à des témoins plus âgés que lui. Deux compagnons sortaient d’une ville, armés et portant leur bagage, pour aller travailler dans une contrée. L’un d’eux ayant trop bu attaque l’autre, qui refuse de se battre avec un homme ivre ; mais il reçoit un coup à la tête. Voyant couler son sang, il riposte et perce de part en part le malheureux ivrogne. On accourt aussitôt de la ville, et parmi les assistants se trouve la femme même du mort. Dans le moment qu’elle donnait des soins à son époux, le meurtrier, qui s’enfuyait, se sentit saisi par une main invisible et fut entraîné « auprès du magistrat, lequel le fit mettre en prison. Qu’était-ce que cette main invisible ? Celle du mort qui revenait dégrisé.

Mainfroi ou Manfred, roi de Naples, qui régna dans les Deux-Siciles de 1254 à 1266, fils naturel de l’empereur Frédéric II.Lorsqu’il fut excommunié pour ses crimes, il s’occupa, dit-on, de magie. Pic de la Mirandole conte que Mainfroi, étant en guerre contre Charles d’Anjou, voulut savoir des démons l’événement de la bataille qu’il allait lui livrer, et que le démon, pour le tromper, ne lui répondit qu’en paroles ambiguës, quoique cependant il lui prédît sa mort ; et en effet, malgré les secours qu’il reçut des Sarasins, ses alliés, il fut tué dans le combat. On remarque que Charles d’Anjou écrivit à Mainfroi, avant la bataille, ces singulières paroles : « Aujourd’hui, je t’enverrai en enfer si tu ne m’envoies pas en paradis. » On a attribué à Manfred un livre latin intitulé la Pomme philosophique, où il traite de la science de l’alchimie, qu’il dit être la sœur germaine de îa magie[2].

Maison ensorcelée. À la fin de nivôse an xiii (1805), il s’est passé à Paris, rue Notre-Dame-de-Nazareth, dans une ancienne maison dont on avait dépouillé des religieuses cordelières, une scène qui fit quelque bruit. On vit tout à coup voler en l’air des bouteilles depuis la cave jusqu’au grenier ; plusieurs personnes furent blessées ; les débris de bouteilles restèrent entassés dans le jardin, sans que la foule des curieux pût découvrir d’où provenait ce phénomène. On consulta des physiciens et des chimistes, ils ne purent pas même dire de quelle manufacture venaient les bouteilles qu’on leur montra. Les gens du quartier se persuadèrent qu’elles venaient de la manufacture du diable, et que cette aventure ne pouvait être que l’ouvrage des sorciers ou des revenants ; les personnes plus instruites, tout aussi crédules, ne surent que penser. La police découvrit enfin que ces revenants n’étaient que des habitants de la maison voisine, aidés d’un physicien de leurs amis, qui, au moyen de l’électricité et d’un trou imperceptible pratiqué dans le mur, parvenait à faire mouvoir à leur gré les meubles de la maison prétendue ensorcelée. Ils avaient pour objet d’empêcher le nouveau propriétaire de la vendre ; ils se vengeaient en même temps d’une personne dont ils croyaient avoir à se plaindre[3]. Voy. Alessandro, Athénodore, Ayola, Bolacré, Chambre infestée, Revenants, etc.

Malache-Chabbalah. On nomme ainsi, dans la cabale juive, les démons qui sont aux ordres de Samaël. Ils remplissent « les sept régions de l’enfer ».

Malades. « Divers sont les jugements qui se font d’aucuns, si un malade doit vivre ou mourir ; mais je publierai ce présent signe infaillible, duquel se pourra servir un chacun, et en faire un ferme jugement : Prenez une ortie et la mettez dans l’urine du malade, incontinent après que le malade l’aura faite, et avant qu’elle soit corrompue ; laissez l’ortie dans ladite urine l’espace de vingt-quatre heures ; et après, si l’ortie se trouve verte, c’est un signe de vie[4]. »Delancre[5] nous conseille de ne pas admettre l’opinion des gnostiques, qui disent que chaque maladie a son démon, et d’éviter l’erreur populaire qui prétend que tous ceux qui tombent du haut mal sont possédés. Les maladies ont souvent causé de grands désordres. Le P. Lebrun rapporte l’exemple d’une femme attaquée d’une maladie de l’œil qui lui faisait voir une foule d’images bizarres et effrayantes ; elle se crut ensorcelée : un habile oculiste l’opéra, et guérit en même temps son œil et son imagination. Plusieurs des sorciers, loups-garous et possédés n’étaient que des malades ; mais il est des cas où les maladies sont des effets de possessions. Voy. Hallucination.

Malafar. Voy. Valafar.

Malaingha, nom général des anges du premier ordre chez les habitants de Madagascar. Ces anges font mouvoir les deux, les étoiles, les planètes, et sont chargés du gouvernement des saisons : les hommes sont confiés à leur garde, ils veillent sur leurs jours, détournent les dangers qui les menacent et écartent les démons.

Malatasca. C’est le nom que sainte Catherine de Sienne donnait au diable.

Mal caduc. Pour guérir ce mal, on se sert d’un

  1. Le solide trésor du Petit Albert.
  2. Leloyer, Histoire des spectres et apparitions des esprits, liv. IV, p. 303.
  3. Salgues, Des erreurs et des préjugés.
  4. Le Petit Albert.
  5. Tableau de l’inconstance des démons, sorciers et magiciens, liv. IV, p. 284.