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des ailes de griffon et une queue de serpent : sous ce gracieux aspect le marquis vomit des femmes. Lorsqu’il prend la figure humaine, on


croit voir un grand soldat. Il obéit aux exorcistes, est de l’ordre des Dominations et commande trente légions[1].

Marcionites, hérétiques du cinquième siècle qui avaient pour chef Marcion. Ils étaient dualistes et disaient que Dieu avait créé nos âmes, mais que le diable, jaloux, avait aussitôt créé nos corps, dans lesquels il avait emprisonné lesdites âmes.

Mardi. Si on rogne ses ongles les jours de la semaine qui ont un R, comme le mardi, le mercredi et le vendredi, les bonnes gens disent qu’il viendra des envies aux doigts.

Maréchal de salon. Voy. Michel.

Marentakein, arbrisseau des spectres. Voy. Guthevl.

Margaritomancie, divination par les perles. On en pose une auprès du feu ; on la couvre d’un vase renversé, on l’enchante en récitant les noms de ceux qui sont suspects. Si quelque chose a été dérobé, au moment où le nom du larron est prononcé, laverie bondit en haut et perce le fond du vase pour sortir ; c’est ainsi qu’on reconnaît le coupable[2].

Marguerite, Hollandaise qui vivait au treizième siècle. Ayant refusé brutalement l’aumône à une pauvre femme qui avait plusieurs enfants, et lui ayant reproché sa fécondité, cette pauvresse lui prédit qu’elle-même aurait autant d’enfants qu’il y a de jours dans l’an. Elle accoucha en effet de trois cent soixante-cinq enfants, qui furent présentés au baptême, tous les garçons, gros comme le doigt, avec le nom de Jean, et toutes les filles, aussi mignonnes, avec le nom de Marie, sur deux grands plats que l’on garde toujours à Loosduynea, près de la Haye, où cette histoire n’est, pas mise en douté. Avec les deux plats bien conservés, on montre le tombeau des trois cent soixante-cinq enfants, morts tous aussitôt après leur baptême[3].

Marguerite, Italienne qui avait un esprit familier. Lenglet-Dufresnoy rapporte ainsi son histoire


sur le témoignage de Cardan : « Il y avait à Milan une femme nommée Marguerite, qui publiait partout qu’elle avait un démon ou esprit familier qui la suivait et l’accompagnait partout, mais qui pourtant s’absentait deux ou trois mois de l’année. Elle trafiquait de cet esprit ; car souvent elle était appelée en beaucoup de maisons, et incontinent qu’on lui avait fait commandement d’évoquer son esprit, elle courbait la tête ou l’enveloppait "de son tablier et commençait à l’appeler et adjurer en sa langue italienne. Il se présentait soudain à elle et répondait à son évocation ; la voix de cet esprit ne s’entendait pas auprès d’elle, mais loin, comme si elle fut sortie de quelque trou de muraille ; et si quelqu’un se voulait approcher du lieu où la voix de cet esprit résonnait, il était étonné qu’il ne l’entendait plus en cet endroit, mais en quelque autre coin de la maison.

» Quant à la voix de l’esprit, elle n’était point articulée ni formée de manière qu’on la pût bien entendre ; elle était grêle et faible, de sorte qu’elle se pouvait dire plutôt un murmure qu’un son de voix. Après que cet esprit avait sifflé ainsi et murmuré, la vieille lui servait de truchement et faisait entendre aux autres ce qu’il avait dit. Elle a demeuré en quelques maisons où les femmes, qui ont observé ses façons de faire, disent, qu’elle enferme quelquefois cet esprit en un linceul, et qu’il a coutume de lui mordre la bouche tellement qu’elle a presque toujours les lèvres

  1. Wierus, in Pseudomonarchia dæmon.
  2. Delancre, Incrédulité et mécréance du sortilège pleinement convaincues, p. 270.
  3. Voyez cette légende dans les Légendes des vertus théologales.