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mot veut dire mauvaise action. Un magicien qui passait parla la reconnut, et, sur son avis, la sorcière fut rasée. On lui trouva la marque du diable, ayant l’empreinte d’une palte de chat. Elle dit au juge qu’elle se reconnaissait coupable. Traduite à la prévôté, elle avoua qu’elle était sorcière, qu’elle jetait des sorls au moyen d’une poudre composée d’ossements de trépassés ; que le diable Cerbérus lui parlait ordinairement. Elle nomma les personnes qu’elle avait ensorcelées et les chevaux qu’elle avait maléficiés. Elle dit encore que, pour plaire à Cerbérus, elle n’allait pas à la messe deux jours avant de jeter ses sorts ; elle conta qu’elle était allée au chapitre tenu par Cerbérus, et qu’elle y avait été conduite la première fois par Louise Morel, sa tante. Dans son second interrogatoire, elle déclara que la dernière fois qu’elle était allée au sabbat c’était à Varipon, près Noyon ; que Cerbérus, vêtu d’une courte robe noire, ayant une barbe noire, ceiffé d’un chapeau à forme haute, tenait son chapitre près des haies dudit Varipon, et qu’il appelait là par leurs noms les sorciers et les sorcières. Elle fut condamnée par le conseil de la ville de Montdidier à être pendue, le 2 juin 1586. Elle en appela au parlement de Paris, qui rejela le pourvoi. Son exécution eut lieu le 25 juillet même année[1].

Martin (Thomas), laboureur de Gaillardon en Beauce, qui eut, dans un de ses champs, le 15 janvier 1816, vers deux heures de l’après-midi, une vision d’un personnage vêtu de blanc, lequel le chargea d’une mission pour le roi Louis XVIII. Il eut beau s’en défendre, la vision se représenta tant de fois qu’on le fit partir pour


Paris, où, après avoir été minutieusement examiné par les plus habiles médecins, il fut admis devant le roi, avec qui il s’entretint seul à seul pendant une heure. Quelques-uns ont cru que Martin était un halluciné, ce qui n’a pu être établi. On a publié cette aventure plusieurs fois. La meilleure relation est celle qui a été éditée chez Hivert, à Paris, en 1831, petit in-8o.

Martinet, démon familier, qui accompagnait les magiciens et leur défendait de rien entreprendre sans sa permission, ni de sortir d’un lieu sans le congé de maître Martinet. Quelquefois aussi il rendait service aux voyageurs, en leur indiquant les chemins les plus courts, ce qui était de la complaisance.

Martre. On croit, en Russie, que la peau de martre est un préservatif assuré contre les charmes, sortilèges et maléfices.

Martym ou Batym, duc aux enfers, grand et fort : il a l’apparence d’un homme robuste, et au derrière une queue de serpent. Il monte un cheval d’une blancheur livide. Il connaît les vertus des herbes et des pierres précieuses. Il transporte les hommes d’un pays dans un autre avec une vitesse incroyable. Trente légions lui obéissent.

Mascarades. Les Gaulois croyaient que Mythras présidait aux constellations ; ils l’adoraient comme le principe de la chaleur, de la fécondité et des bonnes et mauvaises influences. Les initiés à ses mystères étaient partagés en plusieurs confréries, dont chacune avait pour symbole une constellation ; les confrères célébraient leurs fêtes et faisaient leurs processions et leurs festins déguisés en lions, en béliers, en ours, en chiens, etc., c’est-à-dire sous les figures qu’on suppose à ces constellations. Voilà sans doute, selon Saint-Foix, l’origine de nos mascarades.

On lit, sur les mascarades, cette plaisanterie ingénieuse dans Montesquieu :

On demandait à un Turc, revenu d’Europe, ce qu’il y avait vu de remarquable. « À Venise, répondit-il, ils deviennent fous pendant un temps de l’année ; ils courent déguisés par les rues, et cette extravagance augmente au point que les ecclésiastiques sont obligés de l’arrêter ; dé savants exorcistes font venir les malades un certain jour (le mercredi des Cendres), et, aussitôt qu’ils leur ont répandu un peu de cendre sur la tête, le bon sens leur revient, et ils retournent à leurs affaires. »

Massaliens ou Messaliens, illuminés des premiers siècles qui croyaient que chaque homme tire de ses parents et apporte en lui un démon qui ne le quitte pas. Ils faisaient de longues prières pour le dompter ; après quoi ils dansaient et se livraient à des contorsions et à des gambades en disant qu’ils sautaient sur le diable. Une autre secte de massaliens, au dixième siècle, admettait deux dieux nés d’un premier être ; le plus jeune gouvernait le ciel, l’aîné présidait à la terre ; ils nommaient le dernier Sathan, et supposaient que les deux frères se faisaient une guerre continuelle, mais qu’un jour ils devaient se réconcilier[2].

Mastication. Les anciens croyaient que les morts mangeaient dans leurs tombeaux. On ne

  1. M. Garinet, Hist. de la magie en France, p. 446.
  2. Bergier, Dictionnaire théologique.