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1792, pour mieux piquer la curiosité du peuple de Paris, criait, en vendant ses pamphlets : Mort de l’abbé Maury ! L’abbé passe, s’en approche, lui donne un soufflet et lui dit : « Tiens, si je suis mort, au moins tu croiras aux revenants. »

Mécanique. Ainsi que toutes les sciences compliquées, la mécanique a produit des combinaisons surprenantes qui ont été reçues autrefois comme des prodiges. Ce qui a le plus étonné les esprits, c’est l’automate qu’on appelait aussi androïde. Nous avons parlé de l’androïde d’Albert le Grand, qui passa aux yeux de ses contemporains pour une œuvre de magie. Jean Muller, savant du quinzième siècle, plus connu sous le nom de Regiomontanus, fit, dit-on, un aigle automate qui avait la faculté de se diriger dans les airs ; il devançait le canard automate de Vaucanson, qui barbotait, voltigeait, cancanait et digérait. Aulu-Gelle rapporte qu’Architas, dans l’antiquité, avait construit un pigeon qui prenait son vol, s’élevait à une certaine hauteur et revenait à sa place. On attribue à Roger Bacon une tête qui prononçait quelques paroles. Vaucanson fit


un joueur de flûte qui exécutait plusieurs airs. Jacques Droz, son contemporain, fit au dernier siècle un automate qui dessinait et un autre qui jouait du clavecin. Dans le même temps, l’abbé Mical construisit deux têtes de bronze qui, comme l’androïde de Roger Bacon, prononçaient des paroles. Mais ce qui fit plus d’effet encore, ce fut le joueur d’échecs du baron de Kempelen. C’était un automate mû par des ressorts, qui jouait aux échecs contre les plus forts joueurs et les gagnait quelquefois. On ignorait, il est vrai, que le mécanisme était dirigé par un homme caché dans l’armoire à laquelle l’automate était adossé. Mais ce n’en était pas moins un travail admirable.

Autrefois, nous le répétons, on ne voyait dans les androïdes que l’œuvre d’une science occulte. Aujourd’hui, par un revirement inconcevable, on semble faire peu de cas de ces efforts du génie de la mécanique. On a laissé périr tous les automates célèbres, et nos musées et nos conservatoires, qui sont encombrés de tant de futilités, ne possèdent pas d’androïdes.

Mécasphins, sorciers chaldéens qui usaient d’herbes, de drogues particulières et d’os de morts, pour leurs opérations superstitieuses.

Méchant. Le diable est appelé souvent le méchant, le mauvais et le malin. Il est le principe en effet et le père de la méchanceté.

Mechtilde (sainte). Elle parut environ cent ans après sainte Hildegarde. Elle était sœur de sainte Gertrude. Ses visions et révélations ont été imprimées en 1513. C’est un recueil assez curieux et assez rare, qui contient le livre du Pasteur et les Visions du moine Vetin, réimprimées depuis par le père Mabillon, au quatrième livre de ses Actes de l’ordre de saint Benoît, partie première. On y trouve aussi les révélations de sainte Elisabeth de Schonaw, qui contiennent cinq livres, aussi bien que celles de sainte Mechtilde. Celles de sainte Gertrude viennent ensuite, et sont suivies des visions du frère Robert, dominicain, qui vivait en 1330. Sainte Mechtilde est morte en l’an 1284 ou 1286. On trouve dans ce recueil beaucoup de descriptions de l’enfer.

Médecine. Si la médecine et la chirurgie ont fait quelque progrès en Turquie et en Égypte, lisait-on, il y a six ou sept ans, dans la Revue britannique, c’est grâce aux efforts de quelques Européens actifs et éclairés ; les Persans en sont encore réduits, dans toutes les maladies graves, aux prédictions des astrologues et aux incantations mystiques de leurs hakkims ; souvent l’infortuné patient meurt faute de soins, lorsque l’emploi des moyens convenables lui aurait facilement conservé la vie. Celui qui ferait en ce pays des expériences chimiques passerait pour être en correspondance avec le diable et serait immédiatement regardé comme un magicien ; ainsi les préjugés des Persans s’opposent à toute espèce de progrès.

Médée, enchanteresse de Colchide qui rendit Jason victorieux de tous les monstres et guérit Hercule de sa fureur par certains remèdes magiques. Elle n’est pas moins célèbre par ses vastes connaissances en magie que parle meurtre de ses enfants (récit qui, selon Elien, est une calomnie). Les démonographes remarquent qu’elle pouvait bien êire grande magicienne, parce qu’elle avait appris la sorcellerie de sa mère, Hécate. Les songe-creux lui attribuent un livre de conjuration qui porte en effet son nom. Voy. Mélye.

Médie. On trouvait, dit-on, chez les Mèdes, des pierres merveilleuses, noires ou vertes, qui rendaient la vue aux aveugles et guérissaient la