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étonnants et les surpassa bientôt l’un et l’autre. On a lu dans les histoires de la chevalerie héroïque les innombrables aventures de Merlin. Il purgea l’Europe de plusieurs tyrans ; il protégea les dames, et bien souvent les chevaliers errants bénirent ses heureux secours. Las de parcourir le monde, il se condamna à passer sept ans dans l’île de Sein. C’est là qu’il composa ses prophéties, dont quelques-unes ont été publiées. On sait qu’il avait donné à l’un des chevaliers errants qui firent la gloire de la France une épée enchantée avec laquelle on était invincible ; un autre avait reçu un cheval indomptable à la course. Le sage enchanteur avait aussi composé pour le roi Arthus une chambre magique, où ne pouvaient entrer que les braves, une couronne transparente qui se troublait sur la tête d’une coquette, et une épée qui jetait des étincelles dans les mains des guerriers intrépides.

L’épée d’Artus

Quelques-uns ont dit que Merlin mourut dans une extrême vieillesse ; d’autres qu’il fut emporté par le diable ; mais l’opinion la plus répondue aujourd’hui en Bretagne, c’est que Merlin n’est pas mort ; qu’il a su se mettre à l’abri de la fatalité commune, et qu’il est toujours plein de vie dans une forêt du Finistère nommée Brocéliande, où il est enclos et invisible à l’ombre d’un bois d’aubépine. On assure que messire Gauvain et quelques chevaliers de la Table-Ronde cherchèrent vainement partout ce magicien célèbre ; Gauvain seul l’entendit, mais ne put le voir, dans la forêt de Brocéliande.

La science donne à Merlin le nom de Myrdhinn[1].

Mérovée, troisième roi des Francs, dont la naissance doit être placée vers l’an 410 ; il monta sur le trône en 440 et mourut en 458. Il siégeait dans les provinces belgiques. Des chroniqueurs rapportent ainsi sa naissance :« La femme de Clodion le Chevelu, se promenant un jour au bord de la mer, fut surprise par un monstre qui sortit des flots ; elle en eut un fils qui fut nommé Mérovée, et qui succéda à Clodion. » Sauvai croit que cette fable fut inventée par Mérovée lui-même, pour imprimer du respect dans l’esprit des siens en s’attribuant une origine si extraordinaire. Des chroniqueurs ont dit que son nom Meer-Wech signifie veau marin

Merveilles. Pline assure que les insulaires de Minorque demandèrent un secours de troupes à l’empereur Auguste contre les lapins qui renversaient leurs maisons et leurs arbres. Aujourd’hui, dit un critique moderne, on demanderait à peine un secours de chiens. Un vieux chroniqueur conte qu’il y avait à Cambaya, dans l’Hindoustan, un roi qui se nourrissait de venin, et qui devint si parfaitement vénéneux, qu’il tuait de son haleine ceux qu’il voulait faire mourir.

On lit dans Pausanias que, quatre cents ans après la bataille de Marathon, on entendait toutes les nuits dans l’endroit où cette grande lutte avait eu lieu des hennissements de chevaux et des bruits de gens d’armes qui se battaient. Et ce qui est admirable, c’est que ceux qui y ve-

  1. M. le vicomte de la Villemarqué vient de publier sur ce personnage un livre très-remarquable et très-curieux, intitulé Myrdhinn, ou l’enchanteur Merlin, son histoire, ses œuvres, son influence. In-8°. Paris, 1862. Nous ne devions donner ici que les traditions populaires.