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MIS
MOI
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Miscaun-Marry. On donne ce nom, en Irlande, au feu follet, ignis fatum.

Misraïm, fils de Gham. Voy. Magie.

Mœnsklint. Les riverains de la mer Baltique vous montrent avec orgueil une grande masse de roc toute blanche, taillée à pic, surmontée de quelques flèches aiguës et couronnée d’arbustes. Mais voyez, ce que le géologue appelle pierre calcaire, ce n’est pas la pierre calcaire, et ce qui s’élève au haut de cette montagne sous la forme d’un massif d’arbres, ce n’est pas un massif d’arbres. Il y a là une jeune fée très-belle qui règne sur les eaux et sur l’île. Ce roc nu, c’est sa robe blanche qui tombe à grands replis dans les vagues et se diapré aux rayons du soleil ; cette pyramide aiguë qui le surmonte, c’est son sceptre ; et ces rameaux de chêne, c’est sa couronne. Elle est assise au haut du pic qu’on appelle le Dronnings Stol (le siège de la Reine). De là elle veille sur son empire, elle protège la barque du pêcheur et le navire du marchand. Souvent la nuit on a entendu sur cette côte des voix harmonieuses, des voix étranges qui ne ressemblent pas à celles qu’on entend dans le monde. Ce sont les jeunes fées qui chantent et dansent autour de leur reine, et la reine est là qui les regarde et leur sourit. Oh ! le peuple est le plus grand de tous les poëtes. Là où la science analyse et discute, il invente, il donne la vie à la nature animée, il spiritualise les êtres que le physicien regarde comme une matière brute. Il passe le long d’un lac, et il y voit des esprits ; il passe au pied d’un roc de craie, il y voit une reine et il l’appelle le Mœnsklint (le rocher de la Jeune Fille)[1].

Mog. De ce nom peut-être est venu le mot magus, magicien. On retrouve encore dans l’Arménie l’ancienne région des Mogs. « Le nom de Mog, dit M. Eugène Boré[2], est un mot zend et pehlvi qui a passé dans la langue chaldéenne à l’époque où le symbole religieux de la Perse fut adopté par le peuple de Babylone. 11 représentait la classe pontificale, initiée sans doute à des doctrines secrètes dont l’abus et l’imposture firent tomber ensuite ce titre en discrédit. Les prêtres ainsi désignées étaient ces anciens desservants du temple de Bélus, qu’avait visités et entretenus Hérodote, et qu’il nomme Chaldéens aussi bien que le prophète Daniel. Ils avaient encore le nom de sages ou philosophes, de voyants et d’astronomes. Lorsqu’ils mêlèrent aux principes élevés de la science et de la sagesse les superstitions de l’idolâtrie et toutes les erreurs de l’astrologie et de la divination, ils furent appelés enchanteurs, interprètes de songes, sorciers, en un mot magiciens. » Mais, au dixième siècle, Thomas Ardzérouni, cité par M. Boré, appelle encore la contrée qu’ils habitaient le pays des Mogs. Les Mogols viendraient-ils des Mogs ?

Mogol. Delancre dit qu’un empereur mogol guérissait certaines maladies avec l’eau dans laquelle il lavait ses pieds.

Mohra, bourg célèbre dans la Suède pour les sorciers qu’il a produits. En 1559, pendant les débuts de la réforme, on y arrêta soixante-dix sorcières qui avaient séduit trois cents enfants.

Moine bourru. Voy. Bourru.

Moines. On lit partout ce petit conte. Un moine qu’une trop longue abstinence faisait souffrir s’avisa un jour, dans sa cellule, de faire cuire un œuf à la lumière de sa lampe. L’abbé, qui faisait sa ronde, ayant vu le moine occupé à sa petite cuisine, l’en reprit ; le bon religieux, pour s’excuser, dit que c’était le diable qui l’avait tenté et lui avait inspiré cette ruse. Tout aussitôt parut le diable lui-même, lequel était caché sous la table, et s’écria en s’adressant au moine : « Tu en as menti par ta barbe ; ce tour n’est pas de mon invention, et c’est toi qui viens de me l’apprendre. » Césaire d’Heisterbach donne cet autre petit fait. « Le moine Herman, comparant la rigoureuse abstinence de son ordre aux bons ragoûts que l’on mange dans le monde, vit entrer dans sa cellule un inconnu de bonne mine qui lui offrit un plat de poisson. Il reçut ce présent, et lorsqu’il voulut accommoder son poisson, il ne trouva plus sous sa main qu’un plat de fiente de cheval. Il comprit qu’il venait de recevoir une leçon, et fut plus sobre[3].

Mois. Divinités de chaque mois chez les païens. — Junon présidait au mois de janvier ; Neptune, à février ; Mars, au mois qui porte son nom ; Vénus, au mois d’avril ; Phébus, au mois de mai ; Mercure, au mois de juin ; Jupiter, à juillet ; Cérès, au mois d’août ; Vulcain, à septembre ; Pallas, au mois d’octobre ; Diane, à novembre ; Vesta, à décembre.

Anges de chaque mois. Selon les cabalistes, janvier est le mois de Gabriel ; février, le mois de Barchiel ; mars, le mois de Machidiel ; avril, le mois d’Asmodel ; mai, le mois d’Ambriel ; juin, le mois de Muriel ; juillet, le mois de Verchiel ; août, le mois d’Hamaliel ; septembre, le mois d’Uriel ; octobre, le mois de Barbiel ; novembre, le mois d’Adrachiel ; décembre, le mois d’Hanaël.

Démons de chaque mois. Janvier est le mois de Bélial ; février, le mois de Léviathan ; mars, le mois de Satan ; avril, le mois d’Astarté ; mai, le mois de Lucifer ; juin, le mois de Baalberith ; juillet, le mois de Belzébuth ; août, le mois d’Astaroth ; septembre, le mois de Thamuz ; octobre, le mois de Baal ; novembre, le mois d’Hécate; décembre, le mois de Moloch.

  1. Marmier, Traditions de la mer Baltique.
  2. De la Chaldée et des Chaldéens.
  3. Cæsarii Heisterbach., De tentat., lib. IV; Miracul., cap. lxxxvii.