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NÉR
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de la nécromancie dans l’épreuve du cercueil.

Neffesoliens, secte de mahométans qui prétendent être nés du Saint-Esprit, c’est-à-dire sans opération d’homme : ce qui les fait tellement vénérer qu’on ne s’approche d’eux qu’avec réserve. On prétend qu’un malade guérit pour peu qu’il puisse toucher un de leurs cheveux. Mais Delancre dit que ces saints hommes sont au contraire des enfants du diable, qui tâchent de lui faire des prosélytes[1] ; et c’est le plus probable.

Néga. « Tu as fait un vœu à sainte Néga. » Expression des bandits corses. Cette sainte n’est pas dans le calendrier ; mais, chez ces bandits, se vouer à sainte Néga, c’est nier tout de parti pris[2].

Négation. La première négation a été faite par Satan, qui a donné un insolent démenti à Dieu même. La plus affreuse négation dans ce monde est celle des insensés qui nient Dieu. La mort les éclairera malheureusement trop tard.

Nègres. Il est démontré que les nègres ne sont pas d’une race différente des blancs, comme l’ont voulu dire quelques songe-creux ; qu’ils ne sont pas non plus la postérité de Caïn, laquelle a péri dans le déluge. Les hommes, cuivrés en Asie, sont devenus noirs en Afrique et blancs dans le Septentrion ; et tous descendent d’un seul couple. Les erreurs, plus ou moins innocentes, des philosophes à ce sujet ne sont plus admises que par les ignorants. Les sorciers appelaient quelquefois le diable le grand nègre. Un jurisconsulte dont on n’a conservé ni le nom ni le pays, ayant envie de voir le diable, se fit conduire par un magicien dans un carrefour peu fréquenté, où les démons avaient coutume de se réunir. Il aperçut un grand nègre sur un trône élevé, entouré de plusieurs soldats noirs armés de lances et de bâtons. Le grand nègre, qui était le diable, demanda au magicien qui il lui amenait. — Seigneur, répondit le magicien, c’est un serviteur fidèle. — Si tu veux me servir et m’adorer, dit le diable au jurisconsulte, je te ferai asseoir à ma droite. Mais le prosélyte, trouvant la cour infernale plus triste qu’il ne l’avait espéré, fit le signe de la croix, et les démons s’évanouirent[3].

Les nègres font le diable blanc.

Nékir. Voy. Monkir.

Nembroth, un des esprits que les magiciens consultent. Le mardi lui est consacré et on l’évoque ce jour-là : il faut, pour le renvoyer, lui jeter une pierre ; ce qui est facile.

Nemrod, roi d’Assyrie. Ayant fait bâtir la tour de Babel, et voyant, disent les auteurs arabes, que cette tour, à quelque hauteur qu’il l’eût fait élever, était encore loin d’atteindre au ciel, il imagina de s’y faire transporter dans un panier par quatre énormes vautours. Les oiseaux l’emportèrent en effet lui et son panier, mais si haut et si loin que depuis on n’entendit plus parler de lui.

Nénufar, plante aquatique froide, dont voici un effet : Un couvreur travaillait en été sur une maison, à l’une des fenêtres de laquelle le maître avait un flacon d’eau de fleurs de nénufar à purifier au soleil. Le couvreur, étant échauffé et altéré, prit le flacon et but de cette eau ; il s’en retourna chez lui avec les sens glacés. Au bout de quelques jours, surpris de son refroidissement-il se crut ensorcelé. Il se plaint du maléfice qu’on lui a fait. Le maître de la maison examine son flacon et le trouve vide. Il reconnaît aussitôt d’où vient le maléfice, console le couvreur en lui faisant boire du vin de gingembre confit et toutes choses propres à le réchauffer. Il le rétablit enfin et fit cesser ses plaintes[4].

Néphélim, nom qui signifie également géants ou brigands. Aussi est-ce celui que l’Écriture donne aux enfants nés du commerce des anges avec les filles des hommes. Selon l’auteur du livre d’Énoch, les néphélim étaient fils des géants.

Nequam, prétendu prince des magiciens, à qui les chroniques mayençaises attribuent la fondation de Mayence.

Ner ou Néré. C’est le nom que l’on donne en Perse aux génies mâles de la race des Dives. Ils sont très-méchants. Les plus renommés de ces dives pour leur férocité sont Demrousch-Néré, Séhélan-Néré, Mordach-Néré, Cahamérage-Néré. Ils ont fait la guerre aux premiers monarques de l’Orient (dans les temps fabuleux). Tahmuras les a vaincus et enchaînés dans des cavernes bien closes[5].

Nergal, démon du second ordre, chef de la police du ténébreux empire, premier espion de Belzébuth, sous la surveillance du grand justicier Lucifer. Ainsi le disent les démonomanes. Toutefois Nergal ou Nergel fut une idole des Assyriens ; il paraît que dans cette idole ils adoraient le feu.

Néron, empereur romain, dont le nom odieux est devenu la plus cruelle injure pour les mauvais princes. Il portait avec lui une petite statue ou mandragore qui lui prédisait l’avenir. On rapporte qu’en ordonnant aux magiciens de quitter l’Italie, il comprit sous le nom de magiciens les philosophes, parce que, disait-il, la philosophie favorisait l’art magique. Cependant il est certain, disent les démonomanes, qu’il évoqua lui-même les mânes de sa mère Agrippine[6].

  1. Delancre, Tableau de l’inconst. des démons, etc., liv. III, p. 231.
  2. P. Mérimée, Colomba.
  3. Legenda aurea Jacobi de Voragine, leg. lxiv. Voyez sur les nègres les Légendes de l’Ancien Testament, p. 84.
  4. Saint-André, Lettres sur la magie.
  5. D’Herbelot, Bibliothèque orientale, art. Div.
  6. Suétone, Vie de Néron, ch. xxiv.