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NOM
NOY
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lettres qui les composent. C’est la même science que l’onomancie. Voy. ce mot.

Nombre deux. Depuis Pythagore, qui avait regardé le nombre deux comme représentant le mauvais principe, ce nombre était aux yeux de l’Italie le plus malheureux de tous ; Platon, imbu de cette doctrine, comparaît le nombre deux à Diane, toujours stérile, et partant peu honorée. C’est d’après le même principe que les Romains avaient dédié à Plu ton le deuxième mois de l’année et le deuxième jour du mois ; parce que tout ce qui était de mauvais augure lui était spécialement consacré.

Diverses croyances s’attachaient à quelques autres nombres. Voy. Neuf, etc.

Nonos, génies malfaisants, que les Indiens des îles Philippines placent dans des sites extraordinaires entourés d’eau ; ils ne passent jamais dans ces lieux, qui remplissent leur imagination d’effroi, sans leur en demander permission. Quand ils sont attaqués de quelque infirmité ou maladie, ils portent à ces génies, en forme d’offrande, du riz, du vin, du coco et le cochon, qu’on donne ensuite à manger aux malades.

Nornes, fées ou parques chez les Celtes. Elles dispensaient les âges des hommes, et se nommaient Urda (le passé), Verandi (le présent) et Skalda (l’avenir).

Norsgubb, le Vieux du Nord ou des Norses. C’est le nom populaire du diable en Suède.

Nostradamus (Michel), médecin et astrologue, né en 1503 à Saint-Remi en Provence, mort à Salon en 1566. Les talents qu’il déploya pour la guérison de plusieurs maladies qui affligeaient la Provence lui attirèrent la jalousie de ses collègues ; il se retira de la société. Vivant seul avec ses livres, son esprit s’exalta au point qu’il crut avoir le don de connaître l’avenir. Il

 
Nostradamus
Nostradamus
 
écrivit ses prédictions dans un style énigmatique ; et pour leur donner plus de poids, il les mit en vers. Il en composa autant de quatrains, dont il publia sept centuries à Lyon en 1555. Ce recueil eut une vogue inconcevable ; on prit parti pour le nouveau devin ; les plus raisonnables le regardèrent comme un visionnaire, les autres imaginèrent qu’il avait commerce avec le diable, d’autres qu’il était véritablement prophète. Le plus grand nombre des gens sensés ne vit en lui qu’un charlatan qui, n’ayant pas fait fortune à son métier de médecin, cherchait à mettre à profit la crédulité du peuple. La meilleure de ses visions est celle qui lui annonça qu’il s’enrichirait à ce métier. Il fut comblé de biens et d’honneurs par Catherine de Médicis, par Charles IX et par le peuple des petits esprits. Le poète Jodelle fit ce jeu de mots sur son nom :
 

Nostra damus cum falsa damus, nam fallere nostrum est ;
Et cum falsa damus, nil nisi nostra damus.

 

Ce n’est point merveille, dit Naudé, si, parmi le nombre de mille quatrains, dont chacun parle toujours de cinq ou six choses différentes, et surtout de celles qui arrivent ordinairement, on rencontre quelquefois un hémistiche qui fera mention d’une ville prise en-France, de la mort d’un grand en Italie, d’une peste en Espagne, d’un monstre, d’un embrasement, d’une victoire ou de quelque chose semblable. Ces prophéties ne ressemblent à rien mieux qu’à ce soulier de Théramène, qui se chaussait indifféremment par toutes sortes de personnes. Et quoique Chavigny, qui a tant rêvé là-dessus, ait prouvé, dans son Janus français, que la plupart des prédictions de Nostradamus étaient accomplies au commencement du dix-septième siècle, on ne laisse pas néanmoins de les remettre encore sur le tapis. Il en est des prophéties comme des almanachs ; les idiots croient à tout ce qu’ils y lisent, parce que sur mille mensonges ils ont rencontré une fois la vérité. Nostradamus est enterré à Salon ; il avait prédit de son vivant que son tombeau changerait de place après sa mort. On l’enterra dans l’église des Cordeliers, qui fut détruite. Alors le tombeau se trouva dans un champ, et le peuple est persuadé plus que jamais qu’un homme qui prédit si juste mérite au moins qu’on le croie[1].

Notarique, une des trois divisions de la cabale chez les Juifs. Elle consiste à prendre ou chaque lettre d’un mot pour en faire une phrase entière, ou les premières lettres d’une sentence pour en former un seul mot.

Noyés. Les marins anglais et américains croient que retirer un noyé et l’amener sur le pont d’un

  1. De Thou rapporte que le fils de Nostradamus se disait héritier du don de son père, et se mêlait de prédire comme lui. Lorsqu’on assiégeait le Poussin, en Dauphiné, interrogé par Saint-Luc sur le sort qui attendait le Poussin, il lui répondit : — « Il périra par le feu. » — Pendant que les soldats pillaient la place, continue l’historien, le fils du prophète y mit lui-même le feu en plusieurs endroits, afin que sa prédiction fût accomplie. Mais Saint-Luc, irrité de cette action, poussa son cheval contre le jeune astrologue qui en fut foulé aux pieds.