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OBS
ODI
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nommé Obesslik se rendit à la justice, qui le poursuivait depuis longtemps ; mais il se rendit à condition qu’on épargnât son sang. Il fut donc condamné à mourir de faim et descendu dans le gouffre de Maczocha avec une cruche d’eau et un seul pain. Le pain fut bientôt dévoré, la cruche d’eau bientôt vidée. Alors commença pour lui cette horrible agonie dont on peut se faire une idée après avoir lu l’épisode d’Ugolin dans le Dante. La mort lente s’approchait avec le désespoir, lorsque tout à coup le condamné entendit un sifflement étrange dans l’air et vit, en levant les yeux, un dragon ailé qui plongea à grands coups d’aile dans le précipice. Obesslik, qu’épouvantait l’idée que ce dragon le dévorerait, ramassa le reste de ses forces, se recula dans une crevasse de la paroi, prit une pierre et la jeta vers le dragon, qui fut atteint sous le ventre, seul endroit qui n’était pas protégé par des écailles comme tout le resle de son corps. Un sang noir sortit de la blessure du monstre, qui s’abattit sur une saillie du cratère, où il se reposa quelque temps ; une demi-heure s’écoula ainsi, et, quand il eut repris quelques forces par le repos, il se releva et sortit. Ainsi délivré de son hôte monstrueux, Obesslik pensa ceci :

« Ne pourrais-je pas me sauver par son secours, s’il revenait ?

Le lendemain, à la même heure, le dragon redescendit dans le gouffre et se mit à fouiller la vase avec son bec immense pour y chercher des vipères d’eau dont il se nourrissait. Obesslik se glissa derrière lui et se plaça sur son dos écaillé. Quand le monstre se fut bien repu, il reprit son vol, sans s’apercevoir qu’un homme était sur lui, et sortit du précipice. Il s’éleva bien haut dans l’air, portant toujours son cavalier, qui attendait un moment favorable pour descendre de son étrange coursier. Ses ailes bruissaient dans le vent, et il s’abattit dans une forêt voisine, où il se coucha sous un grand chêne et s’endormit.

Obesslik sauvé reprit son ancien métier de dévaliseur, et plus d’une fois l’effroi se répandit dans la contrée au récit des crimes de celui que l’on croyait mort dans la Maczocha. Les montagnes de Hradi étaient surtout le théâtre de ses sanguinaires exploits. Mais il fut repris et décapité à Olmütz.

Obole, pièce de monnaie que les Romains et les Grecs mettaient dans la bouche des morts, pour payer leur passage dans la barque à Caron.

Obsédés. Dom Calmet fait cette distinction entre les possédés et les obsédés. Dans les possessions, dit-il, le diable parle, pense, agit pour le possédé. Dans les obsessions, il se tient au dehors, il assiège, il tourmente, il harcèle. Saül était possédé, le diable le rendit sombre ; Sara, qui épousa le jeune Tobie, n’était qu’obsédée, le diable n’agissait qu’autour d’elle. Voy. Possédés.

Obsequens (Julius). Il a laissé un livre des prodiges, dont une partie est perdue.

Occultes. On appelle sciences occultes la magie, la nécromancie, la cabale, l’alchimie et toutes les sciences secrètes.

Ochosias, roi d’Israël, mort 896 ans avant notre ère. Il s’occupait de magie et consultait Belzébuth, honoré à Accaron. Il eut une fin misérable.

Oculomancie, divination dont le but était de découvrir un larron, en examinant la manière dont il tournait l’œil, après certaines cérémonies superstitieuses.

Oddo. Voy. Kalta.

Oddon, pirate flamand des temps anciens, qui voguait en haute mer par magie, sans esquif ni navire.

Od-esprit. M. Gagne, qui est un des adeptes du spiritisme, croit avoir découvert dans l’atmosphère un agent impondérable où flottent les esprits qui nous circonviennent, et avec qui les habiles se mettent en communication. Il appelle cet agent l’Od-esprit.

Odet, démon de la nuit, qui se montre à Orléans sous la forme d’un mulet et fait de mauvais tours à ceux qu’il rencontre. Il est de l’espèce de kleudde.

Odeur. On voit dans tous les procès de sorcellerie que l’odeur des sorciers est abominable, ce qui ne peut surprendre, puisque leurs chefs leur défendent de se laver. — Plusieurs possédés sont aussi très-puants.

Odin, dieu des Scandinaves. Deux corbeaux sont souvent placés sur ses épaules et lui disent à l’oreille tout ce qu’ils ont vu ou entendu de neuf. Odin les lâche tous les jours ; et, après qu’ils ont parcouru le monde, ils reviennent le soir à l’heure du repas. C’est pour cela que ce dieu sait tant de choses, et qu’on l’appelle le dieu des corbeaux. À la fin des siècles, il sera mangé par le loup Fenris. Les savants vous diront que l’un de ces corbeaux est l’emblème de la pensée ; quelle pensée ! et l’autre le symbole de la mémoire. Les deux loups qui se tiennent aux pieds d’Odin figuraient la puissance. Il y a des gens qui ont admiré ce mythe.

Odin, à la fois pontife, conquérant, monarque, orateur et poëte, parut dans le Nord, environ soixante-dix ans avant Notre-Seigneur selon les uns, plus tard selon d’autres. Le théâtre de ses exploits fut principalement le Danemark. Il avait la réputation de prédire l’avenir et de ressusciter les morts. Quand il eut fini ses expéditions glorieuses, il retourna en Suède, et, se sentant près du tombeau, il ne voulut pas que la maladie tranchât le fil de ses jours, après avoir si souvent bravé la mort dans les combats. Il convoqua tous ses amis, les compagnons de ses exploits ; il se fit, sous leurs yeux, avec la pointe d’une lance, neuf blessures en forme de cercle ;