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armes, de faire rien de neuf, de tuer des cochons, de nommer un enfant nouveau-né, etc.

Les Formosans prétendent que ces lois leur ont été imposées par un de leurs compatriotes, qui, se voyant exposé au mépris, parce qu’il était difforme et hideux, conjura les dieux de l’admettre dans le ciel, la première fois qu’il recevrait quelque insulte. Ses vœux furent entendus. Ce Formosan, qui avait à peine figure d’homme, devint donc un dieu, et, comme il était laid, un dieu redoutable. Il ne tarda pas à se venger des railleries de ses compatriotes : il descendit dans l’île de Formose et leur apporta les vingt-sept articles du Kari-Chang, leur faisant les plus têrribles menaces, s’ils en négligeaient un seul.

Penote. Un alchimiste, réduit à l’hôpital (c’était Penote), avait coutume de dire qu’il ne souhaitait rien à ses plus mortels ennemis qu’un peu de goût pour l’alchimie.

Penteman. Le peintre Penteman, né à Rotterdam, vers l’an 1650, fut chargé de représenter dans un tableau des têtes de morts et plusieurs autres objets capables d’inspirer du mépris pour les amusements et les vanités du siècle. Afin d’avoir sous les yeux des modèles, il entra dans un cabinet d’anatomie, qui devait lui servir d’atelier. En dessinant les tristes objets qui l’entouraient, l’artiste s’assoupit malgré lui et céda bientôt aux charmes du sommeil. Il en goûtait à peine les douceurs, qu’il fut réveillé par un bruit extraordinaire. Quelle dut être sa frayeur, en voyant remuer les têtes des squelettes qui l’environnaient, et en apercevant les corps suspendus au plancher s’agiter et se heurter avec violence ! Saisi d’effroi, Penteman sort de ce lieu terrible, se précipite du haut de l’escalier et tombe dans la rue à demi mort. Lorsqu’il eut repris connaissance, il fut facile de s’assurer que le spectacle dont il venait d’être épouvanté n’était que trop naturel, puisqu’il avait été occasionné par un tremblement de terre. Mais la terreur avait tellement glacé son sang qu’il mourut peu de jours après.

Pératoscopie, divination par l’inspection des phénomènes et choses extraordinaires qui apparaissent dans les airs.

Perdrix. On dit qu’un malade ne peut mourir lorsqu’il est couché sur un lit de plumes d’ailes de perdrix[1] >.

Pérez (Juan). Voy. Inquisition.

Périclès, général athénien qui, se défiant de l’issue d’une bataille, pour rassurer les siens, fit entrer dans un bois consacré à Pluton un homme d’une taille haute, chaussé de longs brodequins, ayant les cheveux épars, vêtu de pourpre, et assis sur un char traîné par quatre chevaux blancs ; il parut au moment de la bataille, appela Périclès par son nom, et lui commanda de combattre, l’assurant que les dieux donnaient la victoire aux Athéniens. Cette voix fut entendue des ennemis, comme venant de Pluton, et ils en eurent une telle peur qu’ils s’enfuirent sans tirer l’épée.

Péris, génies femelles des Persans, d’une beauté extraordinaire ; elles sont bienfaisantes, habitent le Ginnistan, se nourrissent d’odeurs exquises, et ressemblent un peu à nos fées. Elles ont pour ennemis les dives. Voy. Dives.

Périthe, pierre jaune qui avait, dit-on, la vertu de guérir la goutte et qui brûlait la main quand on la serrait fortement.

Péroun, génie ou dieu du tonnerre chez les anciens Slaves ; il était très-redouté ; et son culte avait lieu encore au sixième siècle.

Perrier, démon invoqué comme prince des principautés, dans les litanies du sabbat.

Persil (Maître). Voy. Verdelet.

Perteman. Une jeune fille de la commune d’Uccle (près de Bruxelles) avait dit à plusieurs personnes qu’elle était ensorcelée ; que la nuit des spectres et des revenants, vêtus de longues robes jaunes, se présentaient devant son lit et venaient lui causer de grandes frayeurs, au point que sa santé en était altérée. Les frères de cette jeune fille, croyant que leur sœur était réellement ensorcelée, eurent recours à un individu de la commune surnommé le perteman (le joueur de mauvais tours), qui avait la réputation de posséder le moyen de conjurer les spectres et les esprits malins. Cet homme s’attendait probablement, et pour cause, à être consulté par les parents de la jeune fille ; il se mit donc en devoir d’employer, moyennant salaire, bien entendu, ses talents surnaturels, comme il les appelait, pour combattre les œuvres des nombreuses sorcières dont il prétendait que la jeune fille était la victime. Presque tous les soirs il se rendait, muni d’un gros livre, au domicile de la fille, y allumait des chandelles et restait souvent là toute la nuit ; cependant le revenant reparaissait toujours lorsque l’exorciseur ne venait pas ; enfin, le perteman vint annoncer qu’il était parvenu à reconnaître la cause du malheur et le remède à employer ; ce remède était une somme de 15 fr. à répartir entre les trente sorcières qui assiégeaient la malheureuse jeune fille ; on les calmait donc à raison de 50 centimes par tête.

Le frère de cette infortunée, ne possédant pas la somme de quinze francs, alla consulter le bourgmestre, et l’on conçoit qu’il n’en fallut pas davantage pour mettre un terme aux manœuvres du sorcier. L’autorité communale envoya, le soir même où le perteman devait venir opérer le désenchantement définitif, deux gardes forestiers chargés de vérifier ce qui se passait ; ceux-ci trouvèrent le perteman dans la maison. Il s’occupait à feuilleter son gros volume, à jeter de

  1. Thiers, Traité des superstitions.