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devant le sénat de Wittemberg. Quoi qu’il en soit, ce terrible estomac jouissait d’une santé vigoureuse ; il termina ses prouesses à l’âge de soixante ans. Alors il commença à mener une vie sobre et réglée, et vécut jusqu’à l’âge de soixante-dix-neuf ans. Son cadavre fut ouvert ; on le trouva rempli de choses extraordinaires, dont l’auteur donne la description[1]. La seconde partie de la dissertation renferme l’histoire de quelques hommes de cette trempe et l’explication de ces singularités. Mais le tout nous semble un peu farci de ce que l’on appelle, en termes de journalisme, des canards ; et il y en a beaucoup dans les récits de merveilles.

Polyphême, géant qui n’avait qu’un œil au milieu du front, célèbre dans l’Odyssée, type effrayant de nos ogres.

Polyphidée, devin d’Hypérésie, pays d’Argos.

Polythéisme. Un brahme de Calcutta a publié, ces dernières années, une défense théologique du système des Hindous, qui admettent trois cent cinquante millions de dieux et de déesses.

Pomme d’Adam. La légère protubérance qu’on appelle pomme d’Adam à la gorge des hommes vient, dans les opinions populaires, d’un pépin qui s’arrêta là quand notre premier père mangea si désastreusement le fruit défendu.

Pomponace, professeur de philosophie souvent hasardée ; né à Mantoue en 1462, mort en 1525. Dans son Traité des enchantements, il


prétend que les démons ne sont pour rien dans la magie et les phénomènes occultes ; mais que tout ce qu’on leur attribue est l’œuvre des astres, dont il fait des démons.

Poniatowska (Catherine), visionnaire du Nord. Voy. Comenius.

Pont. Les anciens Scandinaves disaient que les dieux avaient fait un pont qui communiquait du ciel à la terre, et qu’ils le montaient à cheval. Quand Satan se révolta contre Dieu, il fit bâtir un fameux pont qui allait de l’abîme au paradis. Il est rompu.

Pont d’Adam. On appelle Pont d’Adam une suite de bancs de sable qui s’étendent presque en ligne directe entre l’île de Manar et celle de Ceylan, où les indigènes placent le paradis terrestre. C’est, selon les Chingulais, le chemin par lequel Adam, chassé du paradis, se rendit sur le continent. Les Indiens disent que le golfe se referma pour empêcher son retour.

Pont du diable. Dans la vallée de Schellenen, en Suisse, l’imagination croit voir partout les traces d’un agent surnaturel. Le diable n’est point, aux yeux de ces montagnards, un ennemi malfaisant ; il s’est même montré assez bonne personne, en perçant des rochers, en jetant des ponts sur les précipices, etc., ce que lui seul, selon les habitants, pouvait exécuter. On ne peut rien imaginer de plus hardi que la route qui parcourt la vallée de Schellenen. Après avoir suivi quelque temps les détours capricieux de cette route terrible, on arrive à cette œuvre de Satan, qu’on appelle le Pont du diable. Cette construction imposante est moins merveilleuse encore que le site où elle est placée. Le pont est jeté entre deux montagnes droites et élevées, sur un torrent furieux, dont les eaux tombent par cascades sur des rocs brisés et remplissent l’air de leur fracas et de leur écume[2].

Le pont de Jouy-aux-Arches, près Metz, était aussi l’ouvrage du diable, aussi bien que l’ancien


pont de Saint-Cloud, qui s’ébranla au seizième siècle, au passage d’un enfant qu’on venait de baptiser, et s’écroula ensuite. Plusieurs autres ponts ont le même nom.

Popoguno, enfers des Virginiens, dont le supplice consiste à être suspendu entre le ciel et la terre.

  1. Extrait de l’Almanach historique de l’an xi.
  2. Voyage en Suisse d’Hélène-Marie Williams.