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donner de mettre en liberté John Atkins, son fidèle serviteur, que tu as fait mettre en prison. — Vous êtes un faux prophète et un insigne menteur, lui répondit le juge, car si le Seigneur vous avait chargé de cette mission, il vous aurait adressé au procureur général. Il sait qu’il n’est pas en mon pouvoir d’ordonner l’élargissement d’un prisonnier ; mais je puis lancer un décret de prise de corps contre vous, pour que vous lui teniez compagnie, et c’est ce que je vais faire.

La rébellion contre l’Église connue sous le nom de la réforme a eu ses prophètes, dont les plus célèbres sont Astier, Isabeau et Jurieu, qui a prophétisé si bien à rebours. Voyez les Prophètes du Dauphiné, dans les Légendes infernales.

Comme le diable cherche toujours à singer Dieu, il a donc aussi ses prophètes. Mais ils sont menteurs. Tous les oracles des faux dieux passaient pour prophéties. Mais sur cent de ces oracles, quatre-vingt-dix-neuf n’étaient que des énigmes qu’il fallait deviner. Voy. Psellus.

Propreté. Saint Bernard met la propreté au nombre des vertus ; car Dieu aime ce qui est pur. Les démons, naturellement opposés, font de la propreté un vice dans leurs adeptes, qui sont obligés de l’éviter.

Proserpine, épouse de Pluton selon les païens, et reine de l’empire infernal. Selon les démonomanes, Proserpine est archiduchesse et souveraine princesse des esprits malins. Son nom vient de proserpere, ramper, serpenter ; les interprètes voient en elle le serpent funeste.

Prostrophies, esprits malfaisants qu’il fallait supplier avec ferveur, chez les anciens, pour éviter leur colère.


Proudhon, écrivain contemporain qui a eu la stupide grossièreté d’écrire que Dieu est le diable, et de s’offrir pour gouverner mieux que lui les choses de ce monde. C’est cet ennemi de Dieu qui a établi que la propriété est le vol. Le diable a dû bien rire.

Pruflas ou Busas, grand prince et grand-duc de l’empire infernal. Il régna dans Babylone ; et là il avait la tête d’un hibou. Il excite les discordes, allume les guerres, les querelles et réduit les gens à la mendicité ; il répond avec profusion à tout ce qu’on lui demande ; il a vingt-six légions sous ses ordres[1].

Psellus (Michel), auteur du livre De operatione dœmonum. Paris, 1623 ; in-8o. Il a été traduit en français par Gaulmin. Il est fort curieux. On y voit que les démons promettaient à ceux qu’ils pouvaient enrôler sous leurs bannières des honneurs, de l’or et des richesses ; mais qu’ils n’accomplissaient pas leurs promesses ; qu’ils trompaient habituellement leurs initiés par une certaine fantasmagorie et par des apparitions lumineuses qu’ils appelaient théopsies ou visions divines ; mais que les amateurs ne pouvaient y arriver qu’après avoir commis des actions abominables. Psellus parle aussi d’excréments humains, solides et fluides, que les sorciers devaient goûter pour se rendre les démons favorables. Il raconte une aventure qui lui fut personnelle et que nous empruntons à la traduction de Görres par M. de Sainte-Foi.

Psellus, qui était puissant à la cour de Constantinople, fit mettre en prison un sorcier mani-


chéen qui prophétisait. « Comme je lui demandais, dit-il, d’où il tenait le don de prophétie, il refusa d’abord de répondre. Mais, forcé de parler, il me dit qu’il avait appris son art d’un vagabond de Libye. — Celui-ci, me poursuivit-il, m’ayant mené la nuit sur une montagne, me fit goûter

  1. Wierus, in Pseuchm. dœmonum.