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Rivière (Roch le Baillif, sieur de la), médecin empirique et astrologue, né à Falaise, dans le seizième siècle. Il devint premier médecin de Henri IV, fut comblé des faveurs de la cour, et mourut le 5 novembre 1605. On dit que Henri eut la faiblesse de lui faire tirer l’horoscope de son fils, depuis Louis XIII. Il s’en défendit longtemps ; mais enfin, forcé par le roi, dont sa résistance avait excité la curiosité, il lui prédit que ce jeune prince s’attacherait à ses opinions, et que cependant il s’abandonnerait à celles des autres ; qu’il aurait beaucoup à souffrir des huguenots ; qu’il ferait de grandes choses et vivrait âge d’homme. Henri IV fut affligé de cette prédiction, dont il aurait pu deviner aussi une partie. La Rivière a passé, de son temps, pour un grand amateur de philosophie naturelle, et curieux des secrets de cette science. On a de lui : Discours sur la signification de la comète apparue en Occident au signe du Sagittaire, le 10 novembre. Rennes, 1577, in-4o, rare.

Robert. C’est le nom que la petite démoniaque Marie Clauzette donnait au maître des sabbats. C’est aussi le nom du démon évoqué par Flaque.

Robert le Diable, frère aîné selon les uns, père selon d’autres, de Richard Sans peur. On dit

 
 
qu’il était fils d’un démon. Ce fut un effroyable bandit. Après les excès les plus horribles, il se convertit, fit une longue pénitence et mourut ermite. On croit en Normandie que son spectre errant doit expier jusqu’au jugement dernier. Voy., dans les Légendes infernales et dans les Légendes de l’autre monde, la chronique de Robert le Diable, avant et après sa mort.

Robert, sorcier de l’Artois, qui fut condamné, en 1331, au bannissement et à la confiscation de ses biens. Il avait formé le dessein d’envoûter le roi, la reine et le duc de Normandie. Il avait montré à un prêtre une petite figure de cire mystérieusement enveloppée dans un écrin. Cette figure représentait Jean, duc de Normandie, fils du roi[1].

Robert, roi de France. Ce monarque avait épousé Berthe, sa cousine issue de germain. Le pape Grégoire V examina l’affaire dans un concile. Suivant la discipline du temps, le mariage fut déclaré incestueux, et le concile décréta que les époux seraient tenus de se séparer et de faire pénitence. Le roi Robert, hésitant à se soumettre, fut excommunié et son royaume mis en interdit. Un jour qu’il était allé faire sa prière à la porte d’une église, on lui présenta un petit monstre qui avait le cou et la tête d’un canard. Mais c’est un conte des historiens. La reine était accouchée d’un enfant mort. Le roi, frappé, se sépara de Berthe, et l’excommunication fut levée. C’est à cause de cette fable que la reine Berthe, femme de Robert, fut représentée dans quelques-unes de ses statues avec un pied d’oie.

Robin Hood ou Robin des bois. Voy. Puck.

Robinet de Vaulx, faux ermite, affilié à la vauderie et condamné à Arias, avec Labitte, dit l’abbé de peu de sens : quinzième siècle.

Rocaya (Marie de), sorcière fameuse par ses crimes, qui fut condamnée au feu dans le pays basque, à la fin du seizième siècle.

Rodenstein. Voy. Hakelberg.

Roderik ou Rodrigue. Roderik, dernier roi des Goths en Espagne, se rendit fameux par ses crimes et ses débauches, au commencement du

 
 
huitième siècle ; mais il y eut une fin. Il était devenu épris de la fille du comte Julien, l’un des grands seigneurs de l’Espagne ; il la déshonora et la renvoya ensuite de sa cour. Le comte Julien se vengea en ouvrant aux Maures les portes de l’Espagne. Dans une grande bataille qui dura sept jours, Roderik fut tué, et comme on ne put retrouver son corps, on publia qu’il avait été enlevé
  1. M. Garinet, Hist. de la magie en France, p. 87.